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Films du mois

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  • Légendes des pictos :
  • Séance suivie d'une rencontre |
  • Sous-titrage sourds et malentendants |
  • VF Version française |
  • Séance précédée ou suivie d'un repas
Sortie nationale

De Joe Lawlor, Christine Molloy avec Ann Skelly, Orla Brady, Aidan Gillen, Annabell Rickerby, Catherine Walker, Joanne Crawford, Alan Howley, Sadie Soverall, Lochlann O'Mearáin, Jack McEvoy
Thriller - Irlande / Royame-Uni - 2020 - VOST - 1h40

Faces cachées

Rose, étudiante en médecine vétérinaire, décide de contacter Ellen, sa mère biologique qu’elle n’a pas connue. Ellen, une actrice à succès basée à Londres, ne veut pas lier de relation avec Rose. Cette dernière ne se laisse pas décourager et la curiosité l'amène à des découvertes qui bousculent l'identité fragile qu'elle s'est construite.

Belles images de l’Irlande, cheminement lent de la quête, musique omniprésente : ce polar existentiel aborde avec élégance (et une certaine solennité) un thème d’actualité, la violence sexuelle. C’est percutant, puissant et visuellement sublime. L'Obs
Rencontre, Le Mois du Cerveau

De Raphaël Balboni, Ann Sirot avec Jo Deseure, Jean Le Peltier, Lucie Debay, Gilles Remiche, Estelle Marion
Comédie - Belgique - 2020 - 1h27

Une vie démente

Alex et Noémie, la trentaine, voudraient avoir un enfant. Mais leurs plans sont chamboulés quand Suzanne, la mère d’Alex, se met à faire de sacrées conneries. C’est parce qu’elle a contracté une “démence sémantique“, maladie neurodégénérative qui affecte son comportement. Elle dépense sans compter, rend des visites nocturnes à ses voisins pour manger des tartines, se fabrique un faux permis de conduire avec de la colle et des ciseaux. Suzanne la maman devient Suzanne l’enfant ingérable. Drôle d’école de la parentalité pour Noémie et Alex !

Rencontre avec Yann Groc, gériatre au GHRMSA, dans le cadre du Mois du Cerveau proposé par le Centre Communal d'Action Sociale de la Ville de Mulhouse

Entrée libre

Alex et Noémie, trentenaires en couple, décident de faire un enfant. La mère d’Alex, Suzanne, en profite pour leur offrir un nouveau matelas, insistant drôlement pour y ajouter une nouvelle parure de lit très fleurie. C’est quelqu’un, Suzanne : cette directrice d’un centre d’art à Bruxelles à la forte personnalité a toujours vécu avec insolence et sans contrainte. Mais soudain, la voilà distraite, et son élégante frivolité tourne aux caprices, à des attitudes inconséquentes, sous le regard, de plus en plus interloqué, de son fils. Le diagnostic tombe : démence sémantique. Alzheimer, pour tout dire. Alors que les symptômes s’aggravent et que Suzanne, inconsciente de son mal, voudrait seulement qu’on lui fiche la paix, Alex et Noémie se retrouvent devant ce dilemme : comment faire un enfant quand la maladie vient vous en imposer un(e) de 70 ans ? Grâce, entre autres, à ses dialogues, joués avec un naturel ­remarquable, les auteurs réussissent le tour de force d’aborder le sujet, désormais de plus en plus présent sur les écrans, des maladies dégénératives, d’un point de vue cocasse, sans apitoiement. Au contraire : d’abord déstabilisante pour le jeune couple, la folie douce de Suzanne finira par éclairer leur vie. L’esthétique, très étudiée, tour à tour minimaliste et pop, contribue pleinement à dédramatiser. Ainsi, la superbe idée du motif floral de la couette qui envahit progressivement toute la chambre, jusqu’au pyjama du couple, l’angoisse et la fantaisie proliférant de concert. Télérama
Sortie nationale

De Kristoffer Borgli avec Kristine Kujath Thorp, Eirik Sæther, Anders Danielsen Lie, Fanny Vaager, Fredrik Stenberg Ditlev-Simonsen
Comédie Dramatique - Norvège - 2022 - VOST - 1h35

Sick of Myself

Signe et Thomas forment un couple toxique qui dégénère lorsque Thomas accède à la célébrité. Signe décide alors de faire n’importe quoi pour se faire remarquer. Vraiment n’importe quoi.

Présenté lors du dernier Festival de Cannes, dans la section Un Certain Regard, le film du Norvégien Kristoffer Borgli s’invite cette fois à l’Etrange Festival, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y est tout à fait à sa place. Signe et Thomas, le couple du film, ont globalement tout pour être heureux. Ils sont jeunes, en bonne santé, ils ont un travail, lui commence à se faire un nom dans le milieu de l’art contemporain et elle travaille comme serveuse dans un café. Pourtant, malgré cette situation privilégiée, ils sont incapables d’être satisfaits. Pire, chacun déteste la réussite de l’autre et cherche constamment à tirer la couverture à soi. Ce besoin absurde d’être au centre de l’attention débouche sur nombre de scènes à la fois drôles et pathétiques. On les trouve ridicules à toujours vouloir prendre toute la lumière, à dénigrer l’autre pour mieux se mettre en valeur. La compétition malsaine qui s’exerce au sein de leur couple prend une tournure radicale lorsque Signe, désespérée de voir son compagnon accéder à la célébrité en tant qu’artiste, décide de trouver un moyen pour se faire remarquer, tout le temps… quitte à s’en rendre malade. Ce qui est le plus dur avec Sick of Myself, c’est qu’on a beau trouver Signe et son compagnon profondément antipathiques, on ne peut s’empêcher de se reconnaître un peu en eux. Évidemment, peu de gens au monde iraient aussi loin, c’est le propre de la satire de grossir le trait, mais qui ne s’est jamais senti invisible lors d’un repas, à chercher un sujet de conversation pour attirer l’attention, pour dire « Eh oh, je suis là, regardez-moi ! » ? Un besoin quasi viscéral d’exister dans le regard des autres, de sentir leur intérêt, leur empathie, leur fascination ou leur dégoût même, peu importe tant qu’ils vous regardent. Malgré le rire gêné provoqué par l’absurdité et le jusqu’au-boutisme de Signe, la comédie se teinte de tragédie dans ce qu’elle raconte de la nature humaine. Qui sommes-nous profondément ? Peut-on exister seul·e quand on est suspendu à l’opinion et au regard des autres ? Et dès lors, jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour exister ? Si les deux acteurs principaux sont parfaits dans leur rôle de têtes-à-claques insupportables, il faut particulièrement saluer la performance de Kristine Kujath Thorp. L’actrice norvégienne, que l’on verra également très bientôt en salle dans le film Ninjababy, est délicieusement détestable et pathétique dans le rôle de cette narcissique pathologique. Il faut également louer le travail effectué sur la transformation physique de l’actrice par les équipes de maquillage et des prothèses SFX, lesquelles donnent au film une dimension de body horror que ne renierait sans doute pas David Cronenberg. Avec Sick of Myself, le réalisateur Kristoffer Borgli gratte là où ça fait mal. Il nous offre un miroir grossissant de ce travers présent en chacun de nous, et qui fait que malgré toute notre volonté, nous sommes constamment en recherche de reconnaissance extérieure. En décidant de transformer et détruire son corps afin d’en faire un outil de représentation sociale, le personnage de Signe occupe une fonction cathartique pour les spectateurs que nous sommes. Les stigmates de la maladie deviennent chez elle, et pour nous, la manifestation visible de nos complexes et de notre inconsistance. Un peu comme si l’horreur de notre égocentrisme se révélait au monde. Le Bleu du Miroir
Festival Musaïka, Projection / concert

De Carlos Saura avec Ana de la Reguera, Isaac Hernández, Damián Alcázar, Manuel Garcia-Rulfo, Enrique Arce, Manolo Cardona, Alejandra Toussaint, Giovanna Reynaud, Eulalia Ramón, Ana Kupfer, Carlos Bardem, Greta Elizondo
Musical - Mexique / Espagne - 2021 - VOST - 1h35

Le Roi du monde

Manuel prépare son nouveau spectacle, une comédie musicale méta. Il cherche de l’aide auprès de Sara, son ex-compagne, chorégraphe de renom. Au casting, une jeune étoile montante, Ines, en proie à des problèmes avec son père et la mafia locale. Pendant les répétitions, la passion et la tension montent entre les danseurs. La puissante musique mexicaine rythme cette oeuvre où tragédie, fiction et réalité s’entrecroisent.

Dans le cadre du Festival Musaïka, concert + projection. TARIF : 5 € / 3 € Carte culture

A 20h : Ad El Mariachi (rap latino) : Un cocktail explosif, fusion entre hip-hop et salsa ! Maniant la langue de Molière avec la fougue d’un guerillero, AD El Mariachi vous transporte dans un univers coloré et ensoleillé. Vamos !

A 21h : Projection de Le roi du monde de Carlos Saura

Voilà des années que Carlos Saura, éloigné des fictions engagées du début de sa carrière, s’est fait le spécialiste des films chorégraphiés. Avec virtuosité. Manuel s’apprête à monter une pièce dansée en hommage aux racines musicales mexicaines où le metteur en scène évoquera sa vie, aidé dans son projet par son ex-maîtresse et un jeune danseur talentueux. La scénographie est ingénieuse dans ses dispositifs (décors mouvants, projections…) et la caméra sublime la rage sensuelle des corps et des danses. OK, déjà vu mais toujours flamboyant. L'Obs
Rencontre, Les inclassables

De Joseph Kahn avec Shanley Caswell, Josh Hutcherson, Spencer Locke, Dane Cook, A.D. Johnson
Comédie Horreur - Etats-Unis - 2011 - VOST - 1h30

Detention

Adolescente paumée, Riley tente de survivre à la pression quotidienne d’un lycée complètement azimuté et frappé par un tueur tout droit échappé d’un authentique slasher. Mais l’établissement recèle aussi d’autres secrets…

Rencontre avec Eric Peretti, programmateur du LUFF et des Hallucinations collectives de Lyon.

Il y a tout dans Detention. Des pom-pom girls psychorigides, des profs vicieux, des binoclards mégalomanes... Ce beau monde se retrouve propulsé à la vitesse de la lumière dans un imbroglio qui pioche pêle-mêle dans tous les genres archi-usités du film de genre nord-américain, avec un mauvais esprit des plus réjouissants. Quand les premières minutes laissent craindre un gloubiboulga frénétique voire indigeste, on réalise rapidement que si le métrage sera particulièrement exigeant en terme d’attention, il s’avère d’une rigueur et d’une qualité d’écriture tout bonnement exceptionnels.(...) Plus qu’à un teenage movie déviant et branchouille, c’est bien à un véritable acte de foi qu’est convié le spectateur. D’où une totale absence de cynisme et un amour immodéré du cinéma qui ne pourra que bouleverser les fondus de pelloche. Ecran large
Sortie nationale / Les saisons Hanabi, Avant-Première

De Koji Fukada avec Fumino Kimura, Kento Nagayama, Atom Sunada, Hirona Yamazaki, Misuzu Kanno, Tomorowo Taguchi, Tetta Shimada, Natsume Mito, Akari Fukunaga, Yoshiki Urayama, Win Morisaki
Drame - Japon / France - 2022 - VOST - 2h03

Love Life

Taeko vit avec son époux Jiro et son fils Keita en face de chez ses beaux-parents. Tandis qu'elle découvre l'existence d'une ancienne fiancée de son mari, le père biologique de Keita refait surface. C'est le début d'un cruel jeu de chaises musicales, dont personne ne sortira indemne.

Quelques mois après la dernière édition Hiver, nous sommes heureux d’annoncer le retour des Saisons Hanabi dès le 31 mai 2023 pour une nouvelle édition, cette fois-ci aux couleurs du Printemps. 

Le concept est le même : dans toute la France pendant 7 jours, seront présentés en avant-première 7 films japonais encore exclusifs en France.

Après le réussi L’infirmière (2020) et la sortie de son diptyque Suis moi je te fuis, Fuis moi je te suis, Koji Fukada est déjà de retour avec son nouveau film intitulé très sobrement Love live. Ces deux mots illustrent parfaitement l’histoire développée par le réalisateur japonais, presque entièrement comprise entre quelques blocs d’un quartier urbain de son pays. Le territoire exigu qu’il filme : les petites pièces où vivent les membres de la famille de Taeko. Comme souvent chez Fukada, la première scène est installée avec soin, chaque personnage est présenté en détails et on en apprend beaucoup sur leur vie. Quand soudain intervient une rupture violente, qui force le spectateur à composer avec un nouvel axe d’écriture, plus chaotique mais aussi matrice de rebondissements savoureux. Ici, c’est un drame qui pousse Taeko et son mari Jiro dans de nouvelles directions. Le couple voit son équilibre complètement disparaître, chacun voyant ressurgir un amant du passé, un élément central de leur vie d’avant leur rencontre. Si, pour Jiro, cela semble plus anecdotique qu’autre chose, une ancienne amoureuse éconduite qu’il revoit et courtise de nouveau sans grande conviction, pour Taeko, la gravité est tout autre. Le deuil qui la frappe, que nous ne nommerons pas ici, lui fait renouer un lien avec son premier mari qui l’avait abandonnée du jour au lendemain il y a plusieurs années. Cet homme étrange, avec qui elle communique par le langage des signes à cause de sa surdité, la bouleverse de nouveau. Elle se sent responsable de lui, étant une des seules à pouvoir communiquer avec lui, mais surtout il est un pont fondamental avec son passé. Grâce à lui, elle surmonte ce moment difficile, dans des scènes d’une grande douceur où il ne se passe pas grand chose, mais où l’intensité de leurs rapports apparait comme des dialogues non formulés. Ce moment est aussi celui où Taeko peut s’évader de l’étouffement qui la gagnait autour de sa belle-famille qui n’avait jamais accepté que leur fils unique épouse une mère célibataire. On retrouve cette ambiance typiquement japonaise où les rapports entre les générations sont tendus et où les plus jeunes sont très inféodés à leurs aînés, dans une culpabilité et une violence sous-jacente toujours aussi prégnante. Si la modernité est partout à l’écran, dans les moindres détails de la vie quotidienne des personnages, il y a quelque chose du Japon ancien dans leurs rapports intimes où la fidélité aux anciens est presque plus importante que celle qui peut exister entre les époux. Dans Love life, on vagabonde, on s’abandonne à des évasions temporaires, jusqu’en Corée s’il le faut pour aider ce premier mari fantasque qui recèle beaucoup de surprises tapies au creux de ses mensonges. Ce qui marque également, c’est le peu de chaleur humaine qui se dégage de toutes ces scènes pourtant familiales. Dans l’affliction et le drame, il n’y a aucune manifestation d’affection, peu d’égards accordés à ceux et celles qui souffrent le plus. Il est éloquent que le moment le plus tendre du film soit transmis par un chatteur anonyme jouant à un jeu en ligne qu’affectionnait le petit garçon de Taeko. C’est dans cette toute fin d’histoire qu’enfin un être humain, caché loin derrière son écran, révèle enfin un soupçon de compassion qui avait été jusque là dissimulée sous les masques de la bienséance de la société japonaise. Love life possède malgré tout une portée universelle dans sa volonté d’explorer les chemins qui mène à la rédemption, s’amusant des petits hasards de l’existence et des bégaiements de nos itinéraires amoureux qui sont autant des instants de confusion que des jolies séquences de comédie, notamment entre Taeko et son premier mari, qui se montre être à la fois un monstre d’égocentrisme, comme un sage prodigieux qui en quelques mots fait se dégager tous les nuages accumulés au-dessus de la tête de son ex-femme. La beauté et la simplicité de ce message font de Love life une très jolie histoire, au charme indéniable. Le Bleu du Miroir
Les saisons Hanabi, Avant-Première

De Sho Miyake avec Yukino Kishii, Tomokazu Miura, Masaki Miura, Shinichiro Matsuura, Himi Sato, Hiroko Nakajima, Nobuko Sendo, Makiko Watanabe, Yuko Nakamura, Yutaka Shimizu
Drame - Japon / France - 2022 - VOST - 1h39

La Beauté du geste

Keiko, jeune femme malentendante, rêve de devenir boxeuse professionnelle. Bientôt, elle doit faire face à de nombreuses difficultés comme la pandémie de Covid-19, la menace de fermeture de son club de boxe à cause de la maladie de son président, son premier soutien.  

Quelques mois après la dernière édition Hiver, nous sommes heureux d’annoncer le retour des Saisons Hanabi dès le 31 mai 2023 pour une nouvelle édition, cette fois-ci aux couleurs du Printemps.  Le concept est le même : dans toute la France pendant 7 jours, seront présentés en avant-première 7 films japonais encore exclusifs en France.

Supervisée par Monsieur Sasaki, son mentor et protecteur le plus dévoué, Keiko fuit son véritable ring : un quotidien sans saveur, où son handicap est source d’isolement, loin de l’appartement fonctionnel qu’elle partage avec son frère dont elle n’est pas particulièrement proche. Loin aussi de son travail, qui n’est qu’un gagne-pain – dame de ménage dans un hôtel de luxe. Sa mère a beau être réticente à l’idée de sa professionnalisation en tant que boxeuse, elle s’accroche. Monsieur Sasaki, lui, veille toujours à sauvegarder son intégrité, la communauté de la boxe n’étant pas habituée à ce qu’une femme, encore moins « différente », soit prise au sérieux. Sa patience à son égard, la transmission de la constance et du contrôle de soi permettent à Keiko de déverrouiller des portes en elle-même. Leurs séances d’entraînement, intuitivement communicatives dans le huis-clos du gymnase ou dans une banlieue de Tokyo quasi-vide (nous sommes en plein Covid-19), exposent d’autant mieux la nature de leur relation : univoque, investie, à part. Le monde mutique de l’affection. Mais lorsque la santé de Monsieur Sasaki décline, Keiko se démotive, alors même qu’elle vient de remporter ses deux premiers combats professionnels… Ce à quoi Monsieur Sasaki répondra : « En perdant l’envie de te battre, tu manques de respect à l’adversaire et tu te mets en danger ». Là est le vrai combat que Keiko doit apprendre à mener : trouver du sens à ce qu’elle fait, indépendamment de lui. Cette quête donnera lieu à des séquences incroyablement émouvantes, entre introspection et ouverture aux autres, à la vie. Si le 7ème art a toujours su restituer la puissance télégénique de la boxe, il manquait à son actif un film qui l’expurge de son folklore habituel, fait de bruit, de fureur et de sueur. Le jeune réalisateur Shô Miyake y remédie, signant avec La Beauté du geste le film de boxe le plus sensible de tous les temps. À travers la simplicité sophistiquée de sa réalisation (plans fixes, jeux d’espace, précision stoïque des cadres et des acteurs), il déploie une richesse narrative délicate, réduite à sa part la plus subtile et intérieure. Le sport apparaît alors comme un prétexte ou presque, l’essentiel se situant dans la quête intime de sa protagoniste, Keiko : trouver une force d’expression universelle et enfin apaisée dans le geste parfait, comme le met en exergue son journal d’entraînement. « Je suis encore trop crispée. Ne pas oublier de respirer. La respiration profonde aide à se détendre […] J’ai du mal à récupérer. Je n’utilise pas bien mon corps. Mais j’ai peur de me reposer ». La pellicule granuleuse et richement texturée du 16mm qu’emploie ici le directeur de la photographie, Yuta Tsukinaga, achève de capter la mélancolie de Keiko. Elle y appose une lumière douce et crépusculaire pour traduire l’ambivalence de ses sentiments et de son cheminement. C’est un film qui s’inscrit avec pudeur dans la mouvance d’intégration du cinéma japonais (la surdité est aussi au cœur de A Scene at the sea de Takeshi Kitano, Silent Voice de Naoko Yamada, Drive My Car de Ryûsuke Hamaguchi, Love Life de Kôji Fukada, etc). Si l’on devait le résumer en une phrase, ce serait : « Avec le temps, même la plus petite goutte d’eau peut se frayer un chemin à travers la pierre ». N’assisterions-nous pas, en passant, à l’émergence d’un réalisateur se frayant lui aussi un chemin parmi les plus grands ? Hanabi
Les saisons Hanabi, Avant-Première

De Takayuki Hirao
Animation - Japon - 2021 - VOST - 1h34

Coming Soon

Bienvenue à Nyallywood, la Mecque du cinéma où Pompo est la reine des films commerciaux à succès. Le jour où elle décide de produire un film d'auteur plus personnel, elle en confie la réalisation à son assistant Gene. Lui qui en rêvait secrètement sera-t-il à la hauteur ?

Quelques mois après la dernière édition Hiver, nous sommes heureux d’annoncer le retour des Saisons Hanabi dès le 31 mai 2023 pour une nouvelle édition, cette fois-ci aux couleurs du Printemps. 

Le concept est le même : dans toute la France pendant 7 jours, seront présentés en avant-première 7 films japonais encore exclusifs en France.

Si l’on devait citer un anime capable de rafler pléthore d’Oscars (ou de Nyascars), c’est bien celui-là ! Pour changer, il n’est pas signé Steven Spielberg, James Cameron ou Peter Jackson mais Joelle Davidovich Pomponette, plus connue sous le nom de Pompo, l’enfant prodige de Nyallywood (au sens littéral du terme, celle-ci ayant l’air d’avoir 12 ans avec son énergie espiègle, sa voix cristalline et sa tignasse virevoltante épinglée par deux modestes chouchous). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Pompo est si prodigieuse qu’elle sait exactement comme faire pour que sa prochaine production fasse un carton… Il suffit d’allouer tous les moyens possibles et imaginables à sa conception : un réalisateur brillant qui s’ignore, un tournage ubuesque qui explose toujours plus le budget initial (un peu comme si on vous accordait un découvert illimité sans agios à payer), une actrice inédite et le retour d’un des plus grands acteurs de l’Histoire, l’inénarrable Martin Bradock (délicieusement inspiré de Marlon Brando) ! Cette épopée folle commence le jour où Pompo, qui n’a de cesse d’enchaîner les succès avec des films spectaculaires et divertissants (à base d’action, de rebondissements et d’héroïnes aussi divines que dures à cuire), décide de réaliser une œuvre plus personnelle et majeure, qui touchera son public droit au cœur. Après tout, si Michael Cimino a pu réaliser « l’une des sept merveilles du monde cinématographique » – dixit Les Portes du Paradis… Elle aussi ! C’est là que rentre en scène Gene, son assistant, à qui elle confie la modeste tâche de réaliser le film (son premier) dont elle a écrit le scénario. Topo ? L’histoire d’un génie créatif vieillissant et tourmenté qui, en faisant le point sur sa vie, finira par comprendre le sens de son art, des sacrifices consentis pour la création, les autres, le monde, soi… Par extension, Gene va profondément découvrir celui de cette passion qui le rend si insatiable, si véhément : plus que la réalisation d’un film, c’est lui qui va se réaliser ! Cela aussi, bien sûr, grâce au soutien d’une multitude de personnages avec qui nous vibrons à l’unisson, qui se nourrissent de l’énergie de Pompo et Gene pour donner du sens à ce qu’ils font dans la vie (y compris un banquier!). Car que serait un film sans une équipe de choc ? Avec Coming Soon, Takayuki Hirao signe une œuvre aussi personnelle que géniale, transgressant la problématique de la quête intérieure avec beaucoup de talent, de prouesses visuelles et d’émotion. Lui qui a longtemps été l’assistant de production du légendaire Satoshi Kon, notamment sur Millennium Actress (2001), semble avoir énormément puisé dans son histoire personnelle… et comme son personnage, Gene, suivant les traces de l’inénarrable Pompo pour s’en affranchir, le voilà s’affranchissant de son propre mentor en laissant sa créativité exulter ! Véritable condensé de génie nippon, amalgame formidable de techniques d’animation, de trouvailles narratives et de drôleries qui se développent à une vitesse folle, Coming Soon devrait vous donner un bon coup de pêche, s’il ne vous donne tout simplement pas le goût de transformer votre vie en chef d’œuvre. Cerise sur le gâteau : le film dure exactement 90 minutes (hors générique), la durée idéale selon Pompo ! Hanabi
Les saisons Hanabi, Avant-Première

De Daigo Matsui avec Sosuke Ikematsu, Sairi Itoh, Ryô Narita
Romantique Drame - Japon - 2021 - VOST - 1h55

Rendez-vous à Tokyo

Les 26 juillet se suivent et ne se ressemblent pas… C'est le jour où ils se sont rencontrés, celui où ils se sont aimés, où ils se sont séparés. Sept rendez-vous entre un danseur professionnel et une conductrice de taxi dans le Tokyo d'aujourd'hui.

Quelques mois après la dernière édition Hiver, nous sommes heureux d’annoncer le retour des Saisons Hanabi dès le 31 mai 2023 pour une nouvelle édition, cette fois-ci aux couleurs du Printemps. Le concept est le même : dans toute la France pendant 7 jours, seront présentés en avant-première 7 films japonais encore exclusifs en France.

Isabelle Huppert, alors Présidente du Jury au Festival international du film de Tokyo où le film a reçu le Prix du public, est montée sur scène pour faire l’éloge de Rendez-vous à Tokyo : « Le jury souhaiterait attribuer une mention spéciale au film de Matsui Daigo, pour sa délicieuse exploration de deux jeunes adultes à Tokyo. Sosuke Ikematsu et Sairi Itô, qui les interprètent dans une alchimie parfaite, sont tout simplement magnifiques ! ». Alors, est-ce que cela ne ferait pas un peu de bien, pour une fois, de contredire les Rita Mitsouko lorsqu’ils chantent « les histoires d’amour finissent mal en général » ? C’est ce que réussit Rendez-vous à Tokyo en nous entraînant à rebours, d’année en année, de la rupture à la rencontre, dans une histoire d’amour autant mélancolique que romantique, au goût doux-amer. Aussi rafraichissant que Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, alternant entre comédie et drame sur un ton résolument moderne, on y suit Teruo et Yo, leurs peines, leurs doutes, leurs joies, avec comme point de rencontre annuel le 26 juillet (la date d’anniversaire de Teruo). Là où tout semblait joué, tout se rejoue par le recours de ce concept subtil et ludique où la séparation est finalement récompensée par des retrouvailles. Les « sept rendez-vous à Tokyo » de ces amoureux qui s’aiment, se sont tant aimés et s’aimeront un jour, sont autant d’étapes initiatiques et de facettes de leur captivant parcours de vie, mais aussi de Tokyo, enivrante de lumière et de bruit… qu’on voit vibrer et exulter au fil des jours. Et puisque c’est à notre tour d’avoir commencé cette critique à l’envers, terminons-la là où elle aurait dû commencer : en posant le cadre. Un gars, une fille. Teruo est danseur, Yo conductrice de taxi. Si cette dernière raconte qu’elle aime ce métier parce que « laisser les clients choisir des destinations et les y conduire donne l’impression d’aller constamment quelque part », nous nous doutons que sa fascination pour Winona Ryder dans Night On Earth de Jim Jarmusch y est aussi pour quelque chose ! Quand elle rencontre Teruo, dont c’est également le film préféré, une grande histoire commence, qui ne finira jamais vraiment… Il y aura des hauts, des bas, mais aussi toute une galerie de passagers bigarrés montant à bord du taxi de Yo pour qui elle devient la confidente d’un instant, le temps d’un voyage propice à l’égarement (un procédé qui ne pas sans évoquer celui de Drive My Car…). Le réalisateur Daigo Matsui semble ne pas pouvoir résister au plaisir de mettre de l’ordre dans le chaos, laissant les rebondissements joyeux prendre le dessus sur les correspondances manquées (et il y en aura beaucoup, du mari qui attend toujours sa femme sur son banc à l’ex-collègue danseuse secrètement amoureuse de Teruo). Avec douceur, il transcende l’ordinaire de manière fraîche et touchante, laissant l’humanité scintiller dans ses habitacles clos (un taxi, un bar, une scène de théâtre). Sairi Itô, qui interprétait la bonne copine d’Asako dans Asako I&II de Ryusuke Hamaguchi, est ici bluffante tant elle se fond dans les humeurs de Yo. Son énergie et sa voix « bizarre », comme dirait Teruo, fait que nous nous y attachons éperdument au point de commencer aussi avec elle une nouvelle histoire. Hanabi
Les saisons Hanabi, Avant-Première

De Kei Ishikawa avec Satoshi Tsumabuki, Sakura Andô, Masataka Kubota
Thriller - Japon - 2022 - VOST - 2h01

A Man

Rie découvre que son mari disparu n'est pas celui qu'il prétendait être. Elle engage un avocat pour connaître la véritable identité de celui qu'elle aimait.

Quelques mois après la dernière édition Hiver, nous sommes heureux d’annoncer le retour des Saisons Hanabi dès le 31 mai 2023 pour une nouvelle édition, cette fois-ci aux couleurs du Printemps. 

Le concept est le même : dans toute la France pendant 7 jours, seront présentés en avant-première 7 films japonais encore exclusifs en France.

Rie (Sakura Andô) a beau être discrète, elle n’a pas de secrets apparents. Dès les premières images de A Man, on la voit pourtant ravaler ses larmes, quand un client entre dans la papeterie familiale. Ce client, c’est Daisuke (Masataka Kubota), avec qui elle partage rapidement son passé. Il a l’air d’en avoir, lui, des secrets : les habitants de Miyazaki ne parlent que de lui et de ses silences depuis son arrivée en ville. A man ou « Vous allez rencontrer un bel inconnu » Au fil des visites à la papeterie, Daisuke et Rie font connaissance. Comme une première déclaration d’affection, il lui dévoile ses dessins, à l’origine de ses allées et venues au magasin. Leurs contours flous laissent déjà augurer d’une difficulté à s’affirmer, à poser des bases claires. Ils deviennent tout de même amis, et amoureux. Ils se marient, ils sont heureux. Puis, comme un éclair dans un ciel bleu, Daisuke meurt, écrasé par un arbre. Lors des obsèques, son frère, avec qui il était en froid, ne reconnaît pas l’homme dont la photographie trône sur l’autel. Ce n’est pas Daisuke, il en est sûr. Mais alors qui est cet homme auprès de qui Rie a été heureuse ? C’est Kido, son avocat d’origine coréenne, qui va tenter de démêler le mystère qu’on dirait être celui du sourire de la Joconde, dans une deuxième partie où tensions et suspense prennent le pas sur le drame. Le scénario n’est pas celui de la double vie : Rie et Kido font face à un doute bien plus vertigineux. Qui était cet époux, celui qu’on ne peut plus appeler Daisuke ? Et s’il n’est pas Daisuke, comment faire son deuil ? La vie que Daisuke a passée aux côtés de Rie et son fils est-elle devenue un leurre ? Faces cachées Le point de départ mystérieux du film sert de prétexte à Kei Ishikawa pour peindre un monde où chacun joue un rôle, avec ses faux-semblants et ses chausse-trappes. Découvrir la véritable identité de « Monsieur X » est une quête qui en dit parfois plus des vivants que des morts. Parce que des identités, chacun d’entre nous en a plusieurs, sans qu’elles soient forcément des masques. Dans le couple, au travail, avec la famille, en société, on est toujours le Monsieur X de quelqu’un. Avec A Man, Kei Ishikawa a le don d’entremêler l’intime et le social, le dedans et le dehors, l’omote et l’ura. Il y a les tensions croissantes de la société japonaise, de plus en plus hostile à la « menace migratoire ». Il y a le système carcéral mis à nu, et un monde du dehors, finalement imperméable à l’humanité profonde. Il y a les grandes villes et leurs visages changeants, un urbanisme qui semble désormais parler une langue étrangère… Reproduction interdite Présenté en compétition à la Biennale de Venise 2022, A Man est à l’image de « La reproduction interdite », l’envoûtant tableau de René Magritte qui ouvre le film et représente un homme de dos, face à un miroir ne reflétant pas son visage. Jeux d’ombre et de lumière, intensité des gros plans, contrastes et folles perspectives… L’identité s’y réfracte, se dérobe, se dévoile. Avec un sens aigu de l’observation et une capacité à mettre en place des situations et des personnages complexes, voire contradictoires, sur lesquels il se garde bien de porter un jugement, Kei Ishikawa parvient ainsi à donner une portée métaphysique à l’investigation de son héros Kido, interprété par l’impénétrable Satoshi Tsumabuki découvert dans The Housewife et La Famille Asada. Et c’est peut-être la parole d’un suspect qui renverra le mieux Kido à son propre désarroi, et ébranlera définitivement ses certitudes : « Vous ne comprenez vraiment rien à rien, Maître ». Au fond, que sait-on de nous-mêmes et des autres ? Hanabi
Les saisons Hanabi, Avant-Première

De Ryo Takebayashi avec Wan Marui, Makita Sports, Yugo Mikawa, Kohki Osamura, Kotaro Yagi, Haruki Takano, Momoi Shimada, Ryo Ikeda, Harumi Shuhama
Comédie - Japon - 2023 - VOST - 1h22

Comme un lundi

Votre boss vous harcèle ? Vos collègues vous épuisent ? Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n'imaginez pas ce que traversent Yoshikawa et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle... qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ?

Quelques mois après la dernière édition Hiver, nous sommes heureux d’annoncer le retour des Saisons Hanabi dès le 31 mai 2023 pour une nouvelle édition, cette fois-ci aux couleurs du Printemps. 

Le concept est le même : dans toute la France pendant 7 jours, seront présentés en avant-première 7 films japonais encore exclusifs en France.

Métro, boulot, dodo… Quel travailleur n’a pas déjà eu le sentiment d’être pris dans une spirale infernale, où la monotonie et la répétition du quotidien rendent soudainement la vie sans issue ? Comme il serait agréable de pouvoir arrêter le temps pour tout envoyer valser et se défaire de ses chaînes, renouer avec son être profond et ses rêves enfouis ! Sauf que c’est justement tout le contraire qui va se passer pour notre équipe de choc : la même semaine de travail va se répéter indéfiniment, rendant leurs tâches toujours plus répétitives !! Il faudra beaucoup de solidarité, d’humour et de créativité pour réussir à se sortir de cette boucle démentielle… Lundi 25 octobre, 9 heures du matin. Yoshikawa, affalée sur son bureau, se réveille d’une nuit qu’on devine peu reposante. La jeune femme est du genre tellement carriériste qu’elle est prête à tout pour réussir, y compris passer la nuit dans la petite agence de publicité où elle travaille et qu’elle compte bien quitter pour l’une des meilleures boîtes du pays. Il faut dire qu’au Japon, il n’est pas mal vu de dormir au travail : au contraire, c’est perçu comme le signe qu’un salarié donne tellement de sa personne qu’il lui faut récupérer. Ces « salarymen » destinés à servir l’entreprise qui les paie en échange d’un sacrifice inestimable se comptent par millions au pays du Soleil-Levant, où la réussite professionnelle à tout prix, le dévouement sans limite sont des valeurs maîtresses. Ce matin-là, Yoshikawa a tout de même une drôle de sensation, un air de déjà-vu… Son cerveau est-il à ce point lessivé qu’il ne fait plus la différence entre hier et aujourd’hui ? Deux collègues ne tardent pas à lui ouvrir les yeux sur la réalité : la semaine du lundi 25 octobre n’a de cesse de se répéter (pour l’éternité ?)… et il semble urgent de le faire comprendre à toute l’équipe, y compris leur chef, pour unir leur force face à ce problème insoluble ! Comme un lundi, au même titre que son indémodable alter ego américain Un jour sans fin, est une comédie jouissive, palpitante et touchante, qui ne rentre dans aucune case sur une bande de collègues prêts à « travailler pour travailler », faisant du travail non plus un moyen pour s’épanouir dans l’existence (ce qu’il devrait être) mais une finalité en soi (ce qu’il ne peut pas toujours être). Heureusement, en réalisant par l’absurde leur aliénation profonde, ils comprennent qu’il n’est jamais trop tard pour s’en sortir. Quand on prend le temps de réfléchir à ce qui est important, les choses peuvent reprendre un cours naturel, avec légèreté. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » s’exclamait Gandhi. Cette drôle de bande-ci a aussi beaucoup à nous apprendre ! Hanabi
Les saisons Hanabi, Avant-Première

De Koji Fukada avec Kentaro Abe, Makoto Adachi, Kenichi Akiyama
Drame - Japon - 2008 - VOST - 2h20

La Comédie humaine

Une rencontre fortuite née d'une déception, un vernissage où personne ne vient et un nouveau membre dans la famille : trois histoires s'entrecroisent et révèlent des vérités jusque-là bien enfouies.

Quelques mois après la dernière édition Hiver, nous sommes heureux d’annoncer le retour des Saisons Hanabi dès le 31 mai 2023 pour une nouvelle édition, cette fois-ci aux couleurs du Printemps. 

Le concept est le même : dans toute la France pendant 7 jours, seront présentés en avant-première 7 films japonais encore exclusifs en France.

La Comédie humaine, ce sont trois volets qui s’enchevêtrent : deux femmes qui se rencontrent au hasard d’une pièce de butô, l’une ayant perdu son ticket, l’autre son accompagnateur ; le vernissage d’une exposition où le public se fait attendre – mais où est-il passé ? ; un jeune couple heureux, un enfant en chantier, un accident de la route et un bras coupé qui s’accroche, à sa façon. Le deuxième long-métrage de Kôji Fukada, bientôt dans les salles, est la (re)découverte d’un regard unique sur le Japon. Chat blanc Le triptyque s’ouvre par Chat blanc. Deux femmes se rencontrent à l’entrée d’un spectacle de butō de Toru Iwashita. La première attend vainement son copain ; la deuxième cherche vainement son ticket. Ce qui devait être une soirée bâclée se prolonge : le spectacle, puis un dîner, une longue conversation sur l’amour et les relations. Après tout, on a toujours besoin d’un(e) inconnu(e) à qui tout raconter. Comme le disait Frank Sinatra : « Strangers in the night / Two lonely people / We were strangers in the night / Up to the moment / When we said our first hello »… Photographie Dans Photographie, nous sommes dans une galerie d’art. Haruna y prépare le vernissage de son exposition. Une fois terminé, elle pourra rejoindre un couple d’amis fraîchement mariés. Tout est presque prêt : les images, la nourriture. Il ne manque plus que le public. Où est-il passé ? Haruna attend, devant ses propres œuvres… Bras droit Le couple marié, nous le retrouvons dans Bras droit. Ils sont heureux, ils ont un bébé en route. Un jour, le mari est victime d’un accident. Il perd un bras mais, malgré tout, ce bras droit se rappelle incessamment à sa mémoire par le biais de douleurs lancinantes. « Syndrome du membre fantôme », disent les médecins. Et s’il y avait autre chose ? Une ronde à Tokyo Prenez La Ronde d’Arthur Schnitzler. Remplacez la Vienne de 1903 par le Tokyo de 2008. Mais la cadence reste la même : trois volets imbriqués les uns dans les autres par le biais des personnages. Voici La Comédie humaine. Comme pour La Ronde du dramaturge viennois qui tâcha de scandale ce début de siècle, il n’est pas question ici uniquement de stratagème narratif avec des personnages qui se superposent. Il y a le regard de Kôji Fukada comme un périscope sur la société japonaise. Ses manques, ses besoins, ses blocages, ses élans. Parce qu’après tout, ce n’est que cela, la société : l’endroit où se mêlent les mœurs et l’existence. La Comédie humaine : une affaire de famille (ou presque !) Pour ce deuxième long-métrage, c’est une sensation de retrouvailles qui se dégage. Nous retrouvons ici la « faune chérie » qui va peupler tous les films de Kôji Fukada qui vont suivre : Au revoir l’été, Harmonium, Hospitalité… Une équipe qui gagne ne se remplace pas. Ce triptyque, déjà si chargé d’un regard que le public international a appris à (re)connaître au fil du temps, débarque enfin dans les salles françaises grâce à une véritable aventure de sauvetage. En effet, la seule copie encore existante du film a dû faire un improbable voyage postal du Japon jusqu’en France pour se refaire une nouvelle vie. Cela pourrait paraître le début d’un film de Kôji Fukada, si ce n’était pas la vraie vie de Kôji Fukada…Hanabi
Rétrospective Mani Kaul

De Mani Kaul avec Shekhar Kapur, Shambhavi Kaul, Surekha Sikri, Parvez Merchant, Asha Dandavate, A.A. Baig
Drame - Inde - 1971 - VOST - 1h24

Nazar

Un homme réfléchit sur la complexité de son mariage, s’arrêtant sur différents moments du passé. La femme est la création idéalisée de son imagination. L’homme croit posséder la femme. Il ne se rend pas compte qu’elle finira par le posséder en particulier quand elle commence à manifester des signes d’indépendance. Des retranchements silencieux entre l’homme et la femme sont les premiers signes de cassure dans le couple. Les confrontations et réconciliations pleines de haine, de remords, d’espoir et de désespoir aboutissent à une fin tragique.

Nazar (1990) se mesure une nouvelle fois à Bresson, adaptant la même nouvelle de Dostoïevski (La Douce, 1876), dont le maître s’était inspiré pour Une femme douce (1969). Cette rétrospection par un homme, prêteur sur gages, de sa relation incertaine avec une épouse insaisissable, devient, chez Kaul, un labyrinthe de mémoire. Le travelling est ici une figure récurrente, qui rend le temps fluide, les faits perméables, les souvenirs chancelants. La splendeur de ce cinéma y prend un tour insoupçonné : méandre mental et cage de reflets, l’image s’y confond avec l’inconsistance de l’être, traduisant l’incertitude fondamentale de sa présence terrestre. Le Monde
Sortie nationale

De Adrien Bellay
Documentaire - France - 2023 - 1h36

Low-Tech

En opposition à la high-tech, la low-tech est une démarche écologique et locale, qui consiste à concevoir ou à diffuser des techniques et des savoir-faire simples, durables et accessibles à tous. Un groupe de citoyens se bat pour démocratiser cette approche. Pour s’alimenter en énergie, réparer les machines de leur quotidien ou bâtir leur propres moyens de production, dans l’agriculture ou l’industrie. Avec des outils à portée de chacun d’entre nous…

De Hadi Mohaghegh avec Hadi Mohaghegh, Mohammad Eghbali
Road Movie Drame - Iran - 2022 - VOST - 1h30

L'Odeur du vent

Un électricien est dépêché pour réparer un transformateur en panne près d'une maison isolé et où vivent un homme handicapé et son fils alité. Une pièce manque, le technicien part à sa recherche.

Dans cette fable politique, le réalisateur iranien filme la précarité, l’état d’abandon social d’un pays et une corruption systémique. Sa mise en scène, d’une beauté contemplative, ne tombe jamais dans le pittoresque et dit la dureté de l’existence de ses héros. Un film bouleversant sur l’altruisme de l’homme et la poésie du cinéma. Beau manifeste. L'Obs
Rencontre

Réflexion sur la gratuité des transports proposée par l'Assemblée Populaire Citoyenne
Documentaire - France -

Transports gratuits : Pourquoi pas Mulhouse ?

Projection et discussions autour de la gratuité des transports en commun.

Afin de prendre connaissance des expériences déjà en place dans certaines villes françaises et ailleurs, projection de :

Les transports gratuits en Centre-Val de Loire et ailleurs dans le monde de Corinne Bian Rosa (26’)
Le monde d’après va-t-il changer notre façon de nous déplacer dans les agglomérations ? Si oui, Comment ? La dernière campagne pour les élections municipales a fait émerger un thème nouveau dans de nombreuses villes : celui du transport urbain gratuit.
Déjà 100 villes dans le monde l’expérimentent dont plus d’une trentaine en France et 3 dans la région Centre-Val de Loire. Voyager gratuitement dans le bus ou le tram, est-ce la solution miracle ?

Soirée débat proposée par l’Assemblée Populaire Citoyenne avec Julie Calnibalosky, animatrice du Comité Scientifique de l’Observatoire des villes du transport gratuit, et autres intervenants.

Le jeudi 8 juin à 20h. ENTREE LIBRE.

Les RDV d'ATTAC et de la LDH, Rencontre

De Fabien Mazzocco
Documentaire - France - 2023 - 1h15

De l'eau jaillit le feu

Dans le marais poitevin, des milliers de personnes sont aujourd'hui engagées dans une lutte contre un projet de méga-bassines. Comment ce territoire à l'image si paisible est-il devenu l'épicentre d'une véritable guerre de l'eau ?

Rencontre avec Yann Bury, membre des Soulèvements de la Terre, ATTAC et la Ligue des Droits de l’Homme.

Ciné-relax

De Tony Gatlif avec Oscar Copp, Lou Rech, Tchavolo Schmitt, Mandino Reinhardt, Abdellatif Chaarani
Comédie Dramatique - France / Roumanie - 2002 - VF - 1h30

Swing

Dans une banlieue de Strasbourg, on suit le chemin d'un petit garçon, Max, qui lors de ses vacances d'été fera une merveilleuse rencontre avec la musique et l'amour. En effet, il suit le rythme énergique de Swing, une jeune Manouche aux allures de garçon manqué, qui lui fait découvrir sa communauté (leur mode de vie, leurs traditions, leurs origines, leur liberté...). Fasciné par les musiciens manouches, Max prend des cours de guitare avec l'un d'eux, Miraldo (inspiré et interprété par un des plus grands guitaristes de jazz manouche, Tchavolo Schmitt), qui est un génie de la musique. Entre de nombreux, forts et entraînants moments musicaux (chants, danse, musique...), le jeune garçon tombe peu à peu amoureux de son amie Swing. Mais ses vacances se terminent et sa condition de jeune écolier gadjo (terme rom désignant ceux qui ne sont pas de cette ethnie comme dans Gadjo Dilo) le rattrape... (wikipedia)

« Pour le plaisir d’aller enfin au cinéma dans sa ville en famille ou avec des amis sans craindre d’être rejetés », c’est ce que propose l’association Ciné-relax, parrainée par Sandrine Bonnaire. Des séances de cinéma tout public, aménagées pour les rendre accessibles à des personnes exclues des loisirs culturels à cause d’un comportement parfois inattendu. Chaque spectateur est accueilli de sorte qu’il se sente le bienvenu et respecté tel qu’il est.
A Mulhouse, ces séances, initiées par Les Papillons Blancs, peuvent exister grâce à la présence de bénévoles issus de L'Ecole Supérieure de Praxis Sociale de Mulhouse.

Les séances ont lieu le dimanche à 14h15 au tarif de 5 € pour tous et sont suivies d’un goûter. En partenariat avec les Papillons blancs.

Swing est d'une grande poésie, derrière laquelle se cache un sens profond de l'humanité, nostalgique probablement, mais qui incite à vivre, à ne pas se laisser dissoudre par notre monde moderne, si pauvre, si terne. Ciné Libre
Les Jeudis de l'Architecture

De Francesco Rosi avec Rod Steiger, Salvo Randone, Guido Alberti, Marcello Cannavale, Dante Di Pinto
Drame - Italie / France - 1963 - VOST - 1h41

Main basse sur la ville

Spéculation immobilière et politique dans une ville d'Italie entraînée par l'urbanisation trop rapide d'un quartier à l'instigation d'un entrepreneur de droite. Les travaux provoquent une catastrophe : l'effondrement d'un immeuble vétuste...

Chaque mois, un film en lien avec l’architecture est proposé par Charles Henner, architecte, et Sarah Favrat, chargée de projet.

Les séances ont lieu à 20h et sont suivies d’un verre offert par la Maison Européenne de l’Architecture.

À une époque où le cinéma italien brille de mille feux, la même année 1963, deux comédiens américains se voient offrir des rôles en or - les plus beaux de leur carrière, peut-être - par des réalisateurs transalpins. Burt Lancaster sera le prince Salina dans Le guépard de Luchino Visconti, et Rod Steiger le promoteur Nottola dans Main basse sur la ville de Francesco Rosi. Là s’arrête la comparaison entre ces deux chefs-d’œuvre d’inspiration bien différente. Mais nous fait mettre le doigt sur l’extraordinaire vitalité du cinéma italien d’alors, qui s’attaque avec bonheur à de nombreux genres qu’il dépoussière en inventant de nouveaux langages. Pour Francesco Rosi, ce sera ce que l’on pourrait définir comme le "cinéma d’investigation" duquel il sera l’empereur, sacré avec ce film à Venise, et dont il portera haut le flambeau par la suite. Conscience politique exacerbée, Rosi a déjà tourné trois films lorsqu’il revient dans sa ville natale, Naples, saisie d’une frénésie immobilière, et qu’en s’y promenant avec son ami d’enfance, l’écrivain et scénariste Raffaele La Capria, lui vient l’idée de Main basse sur la ville. Son génie, c’est d’avoir initié une forme qui n’appartient qu’à lui. On a parlé de documentaire. Ce n’est pas tout à fait exact. Disons plutôt qu’il sonde la société dans une fiction "documentée" éminemment construite, qu’il s’agisse du script ou des plans (avec des mouvements de caméra et des cadrages jamais gratuits, toujours percutants), et dont la volonté est tout à fait frappante. Ce que veut Rosi, c’est montrer et surtout démontrer. Et sa démonstration du système qui gangrène la ville est aussi implacable que convaincante. Comme il le dit lui-même, il s’agit d’un "film théorème". Dans son approche, le cinéaste bannit tout manichéisme, nous fait ressentir la situation de manière nuancée, creuse toutes les pistes, d’où une puissance et une efficacité décuplées. Stratégies, alliances, combines, abus, distribution de pots-de-vin, concussion, clientélisme, trahisons, malversations, cynisme sans fond, effroyable mépris des pauvres : le dossier ouvert ici donne une terrible image de la classe politique et des élites. Un monde d’hommes insatiables, pour lesquels la vie n’est que recherche de pouvoir et d’argent, la démocratie une vache à lait intarissable. Et comme Rosi, en plus de tous ses talents, est un extraordinaire directeur d’acteurs, les comédiens - professionnels et amateurs - qui incarnent ces hommes-là, portraiturés sans complaisance, sont formidables de véracité, jusqu’au plus petit rôle. Au final, Main basse sur la ville, Lion d’or à Venise en 1963, n’a pas pris la moindre ride et son actualité continue à se démontrer que ce soit en Italie ou ailleurs. Il reste le brûlot qu’il fut alors, âpre et exigeant, parlant à notre intellect plutôt qu’à notre émotion. Un film peut-être difficile mais un film encore et toujours nécessaire, car il sous-tend qu’il existe une morale, ici bafouée. Pédagogique alors ? Oui. Mille fois oui. Car Rosi croit à cette vertu-là du cinéma. Une denrée devenue bien rare, tout comme son pendant, la saine vertu de révolte, et qui nous ferait vite regretter de vivre dans une époque fichtrement molle. Pas seulement cinématographiquement parlant...A voir à Lire
Rencontre

De Alon Schwarz
Documentaire - Israel - 2022 - VOST - 1h34

Tantura

A la création de l'état d'Israël, des centaines de villages palestiniens ont été détruits. Le documentaire remet en question le mythe fondateur d'Israël et l'incapacité de sa société à accepter son sombre passé.

Rencontre avec l'Association France Palestine Solidarité et la Passerelle des Talents

A lire : Avec Tantura, Israël confronté au massacre présumé de Palestiniens en 1948 (Géo)

A regarder : Tantura, village martyr de Palestine (Culture Prime, RFI)

Tous en salle !

avec Sébastien Pflieger (Odyssée virtuelle)

Atelier Découverte de la réalité virtuelle (VR)

Atelier d'initiation à la réalité vituelle avec casques VR.

"Expérimentez la réalité virtuelle (VR) à travers nos récits immersifs. Nos films VR, réalisés avec les dernières technologies, vous transportent vers une toute nouvelle perspective : être spectateur et « acteur » à la fois. Vivre un film est devenu une réalité." Odyssée virtuelle

Atelier gratuit le samedi 17 juin de 14h à 18h sur réservation au 03 89 60 48 99 / cinebelair@wanadoo.fr

A partir de 12 ans

En partenariat avec le RECIT dans le cadre de Tous en salle !

Rencontre

De Michele Placido avec Riccardo Scamarcio, Louis Garrel, Isabelle Huppert, Vinicio Marchioni, Lolita Chammah
Biopic Historique - Italie / France - 2022 - VOST - 2h00

Caravage

Italie, en 1600. La vie aventureuse du grand peintre italien du XVIe siècle, Le Caravage. Une figure troublante est chargé d'enquêter sur ce dernier car son art est jugé subversif...

Rencontre avec Catherine Koenig, conférencière en Histoire de l'art.

Acteur et réalisateur italien, Michele Placido est l’auteur de plusieurs longs métrages dont le plus abouti est sans doute Romanzo criminale (2005). Il s’intéresse ici à la biographie du peintre Le Caravage (Michelangelo Merisi da Caravaggio), qui avait déjà fait l’objet de productions cinématographiques dont la plus célèbre reste le décalé Caravaggio (1986) de Derek Jarman. Placido évite les écueils de maints biopics, à savoir la structure narrative linéaire, l’illustration scolaire et le pathos, tout en étant explicite dans son projet, c’est-à-dire établir un parallèle entre la vie du peintre dans le contexte de son époque et l’univers d’artistes plus contemporains. Il déclare ainsi dans ses notes d’intention : « Le film que j’avais en tête rendrait toute l’authenticité du peintre avec ses vices et ses vertus, son humanité profonde et viscérale, et en même temps toute la vérité de son époque. Il raconterait la révolution d’un artiste terriblement gênant qui, dans une Rome pleine d’espions pro-français ou pro-espagnols, trouvait dans la rue ses compagnons de route - voleurs, prostituées, vagabonds - pour en faire, longtemps avant Pasolini, des modèles pour ses tableaux, transfigurés en saints et madones, en icônes immortelles ». Le scénario est le fruit d’une documentation historique précise. Cela concerne en premier lieu les personnages qui gravitent autour du peintre, comme sa protectrice noble Constanza Colonna (Isabelle Huppert), les prostituées qu’il transforme en madones (Lolita Chammah et Micaela Ramazotti), ou son assistant et modèle Cecco, avec lequel il entretient des rapports ambigus. Mais l’originalité de la narration consiste à avoir pris des distances avec la réalité historique et avoir fait preuve d’inventivité créatrice, notamment en inventant la figure de L’Ombre (Louis Garrel), prélat inquisiteur, foncièrement hostile au Caravage, et chargé par le pape Paul V de mener une enquête sur son passé, afin de déterminer s’il mérite la grâce. Ce personnage, mi-détective, mi-bourreau, incarne l’intolérance religieuse dans ce qu’elle a de plus horrible et repoussante pour les artistes ; la triste actualité des mollahs iraniens est là pour nous le rappeler. Et si Placido a tenu à refléter les contrastes sociaux de l’époque (misère dans les ruelles de Rome, opulence des palais), il n’opte pas pour la méticulosité académique de la reconstitution avec images léchées, préférant un travail esthétique contrasté, tons bistre pour les scènes d’intérieur, ou éclairages poudreux pour les séquences orgiaques. On pourra reprocher au cinéaste d’abuser un peu trop des maquillages crasseux pour souligner l’indigence, mais sa démarche est plus proche du baroque de Patrice Chéreau dans La reine Margot que du naturalisme kitsch de Robert Hossein dans ses Misérables. Et il est clair que tout n’est pas parfait dans le métrage, de flashback confus à un abus d’effets de style, en passant par des dialogues parfois maladroits, comme ceux proférés par cette jeune femme peintre professant en 1609 des propos copiés collés sur ceux d’une néo-féministe de 2022… On apprécie davantage la façon dont Placido, sans anachronisme, décrit le mode de vie du peintre comme s’il préfigurait celui d’un Warhol. Mais si Caravage ne vaut pas le Van Gogh de Pialat, ses qualités sont somme toute réelles et il ne démérite pas face à d’autres biopics autour de peintres, tels Montparnasse 19 de Jacques Becker (sur Modigliani) ou Basquiat de Julian Schabel. Riccardo Scamarcio dans le rôle-titre est une nouvelle fois impressionnant, lui qui a avait déjà brillé dans des films signés Golino, Sorrentino ou Moretti. A voir à Lire
Rencontre

De Stéphane Malterre
Documentaire - France / Allemagne - 2022 - VOST - 1h44

Les Ames perdues

En 2014, un mystérieux déserteur, portant Ie nom de code César, divulgue des dizaines de milliers de photos des victimes du régime syrien, morts sous la torture. Alors que les suppliciés sombrent dans l'oubli et que des milliers de civils disparaissent, leurs familles, leurs avocats et un petit groupe d'activistes tentent de déposer des plaintes dans des tribunaux européens. Ce film raconte les rebondissements d'enquêtes et de procédures qui conduiront à l'émission de mandats d'arrêts contre les plus hauts responsables de l'administration de Bachar al Assad, pour crimes contre I'humanité.

Rencontre avec la Passerelle des Talents et Logosphère.

Face caméra, entièrement grimé (visage masqué, gabarit indéterminable, mains gantées), César raconte sa vie d’avant, en tant que photographe au sein de la police militaire à Damas. Ce fonctionnaire exerçait un métier déjà bien âpre : il prenait des photos d’accidents mortels impliquant des soldats (noyades, incendies, crimes, suicides…). Mais en mars 2011, tout change : les services de renseignement le convoquent chaque matin à la morgue de l’hôpital de Tichrine où l’attendent dix à quinze cadavres. Puis le rythme s’accélère. César doit photographier quarante morts tous les jours. Personnes âgées, enfants, jeunes, hommes dans la force de l’âge, tous sans identité, juste affublés du numéro du centre de détention où ils ont été exécutés. Le courage de César — dont l’histoire, révélée par la journaliste Garance Le Caisne, a fait le tour du monde —, c’est d’avoir fait un choix : copier, durant deux ans, au péril de sa vie, sur des clés USB ces « clichés de l’horreur » et les avoir fait sortir clandestinement avec l’aide d’un ami en Turquie. En collectant des milliers d’archives secrètes (27 000 au total), César a documenté les atrocités et crimes contre l’humanité du régime d’Assad. Le « dossier César » va permettre, comme le raconte ce documentaire hallucinant, aux familles des disparus ayant une double nationalité de tenter de saisir la justice en Espagne, Allemagne, France… Le film retrace leur combat pour connaître la vérité, montrant en creux la faiblesse des institutions internationales (le Conseil de sécurité de l’ONU n’ayant pu voter une résolution permettant de poursuivre la Syrie) et le découragement des avocats des droits de l’homme, trop souvent porteurs de mauvaises nouvelles. Depuis le 4 avril 2023, trois membres du régime syrien, dont deux très hauts responsables, sont désormais poursuivis par la justice française pour « complicité de crimes contre l’humanité et délits de guerre »… Au-delà de la rigueur de l’enquête, par-delà le choc des images de corps torturés, Les Âmes perdues est un film important sur la machine de mort du régime syrien, la violence répétée d’un terrorisme d’État et les conséquences de ces crimes sur des générations entières. Télérama

De Laura Citarella avec Laura Paredes, Ezequiel Pierri, Rafael Spregelburd, Elisa Carricajo, Juliana Muras, Verónica Llinás, Cecilia Rainero, Walter Jakob
Drame - Argentine - 2022 - VOST - 2h09

Trenque Lauquen - Partie 1

Une femme disparaît. Deux hommes partent à sa recherche aux alentours de la ville de Trenque Lauquen. Ils l’aiment tous les deux et chacun a ses propres soupçons quant aux raisons de cette disparition. Les circonstances vont cependant se révéler plus étranges que prévues.

Ce joyau mélancolique, en deux parties et douze chapitres, écrit avec l’actrice Laura Paredes par Laura Citarella – productrice de « La Flor » de Mariano Llinás (treize heures) et membre du collectif El Pampero Cine –, s’ancre autour d’une ville argentine et de la disparition d’une femme, Laura, chercheuse universitaire, botaniste et pigiste dans une radio. Deux hommes épris d’elle la recherchent en voiture dans la région. Ni Borges ni Ruiz n’auraient renié ce film à tiroirs féministe où s’enchâssent une multitude de pistes narratives toutes plus épatantes les unes que les autres portées par des cordes ou du Zucchero. Découverte d’une correspondance amoureuse enfouie dans de vieux livres, intrusion d’une étrange créature du lac… Céder au plaisir de la fiction sans chercher à comprendre le pourquoi du comment, c’est à ce prix que « Trenque Lauquen » déploie son charme envoûtant. L'Obs
Rencontre

De Kim Chapiron avec Sami Slimane, Abdulah Sissoko, Hady Berthe, Rebecca Brou, Anta Diaw, Moussa Cissé, Fatim-Zahra Alami, Fathi Achour Tani, Nordine Hassani, Issaka Sawadogo
Drame - France - 2023 - 1h38

Le Jeune Imam

A 14 ans, Ali est un adolescent à la dérive. Sa mère qui l’élève seule ne trouve d’autres solutions que de l’envoyer au village au Mali pour finir son éducation. Dix ans plus tard, Ali revient. Malgré les doutes de sa mère auprès de qui il est prêt à tout pour briller, il devient l’imam de la cité. Adulé de tous et poussé par son orgueil et ses succès, Ali décide d’organiser à son compte le pèlerinage à la Mecque.

Rencontre avec le Collectif maison commune.

Kim Chapiron brosse le portrait réussi d’un petit délinquant qui devient un leader religieux charismatique. Il a écrit Le Jeune imam, inspiré d’une histoire vraie, en collaboration avec Ladj Ly, réalisateur des Misérables. Abdulah Sissoko est époustouflant dans le rôle-titre d’un garçon brillant partagé entre le désir de bien gagner sa vie en rendant sa mère fière et celui de diriger sa communauté avec fermeté et souplesse. « Quand j’ai grandi dans les années 1980-1990, mes amis pratiquaient leur religion sans que cela pose problème ou cause des polémiques, confie Kim Chapiron à 20 Minutes. C’est cet islam-là, que pratique la majorité des Musulmans, que nous avons souhaité montrer dans le film. » Un modèle d’intelligence Son héros évolue vers la modernité en devenant une star des réseaux sociaux ce qui fait grincer les dents de coreligionnaires plus portés vers des traditions plus strictes. Il finit par trouver sa place dans le cœur des fidèles enchantés de voir un jeune reprendre leur flambeau et les aider à partir en pèlerinage à la Mecque. Jusqu’au moment où son destin bascule dans un mélange de naïveté et de cupidité. « Nous avons voulu montrer une communauté qui vit sa religion dans la douceur tout en révélant la vie d’une famille malienne. Ladj Ly, qui a participé au scénario, m’a aidé à entrer dans cet univers », souligne Kim Chapiron. De l’Afrique à la banlieue parisienne, Le Jeune imam émeut en évoquant un islam apaisé pour un film fort, modèle d’intelligence, pour mieux comprendre le monde qui nous entoure. 20 minutes
Sortie nationale

De Soudade Kaadan avec Hala Zein, Kinda Alloush, Samer ElMasry, Nizar Alani, Nabil Abousalih, Samer Seyyid Ali, Darina Aljoundi
Drame - Syrie / Royaune-Uni / France - 2023 - VOST - 1h43

Nezouh

Au cœur du conflit syrien, Zeina, 14 ans, et ses parents sont parmi les derniers à encore vivre dans leur quartier assiégé de Damas. Lorsqu'un missile fait un trou béant dans leur maison, Zeina découvre une fenêtre qui ouvre sur un monde de possibilités inimaginables. Elle aime dormir à la belle étoile et se lie d'amitié avec Amer, un voisin de son âge. Quand la violence des combats s’intensifie, Zeina et ses parents sont poussés à partir, mais son père est déterminé à rester dans leur maison. Il refuse d'être un réfugié. Confrontées à un dilemme de vie ou de mort, Zeina et sa mère doivent prendre une décision.

Nezouh, troisième long-métrage de la réalisatrice syrienne Soudade Kaadan, est un parfait contrepied à son second, The Day I Lost My Shadow. À ce dernier, gris, sombre, désespéré, suit un film optimiste et lumineux. Un changement de ton réussi. Zeina (Hala Zein) vit dans l’un des quartiers assiégés de la ville de Damas avec son père, Mutaz (Samer al Masri) et sa mère, Hala (Kinda Alloush). Fortement réfractaire à l’idée de s’enfuir du pays – il ne peut s’imaginer avoir le statut de « réfugié » – Mutaz force sa famille à rester habiter dans leur appartement, ce même lorsqu’il sera endommagé par des obus, perçant de grands trous dans les murs et plafonds : ces failles deviendront le moyen par lequel Zeina s’ouvrira au monde extérieur, tant physiquement que mentalement. Le père, revenant d’une excursion pour trouver de la nourriture, frappe à la porte de l’appartement, crie pour qu’on vienne lui ouvrir. Absurdité complète : les murs étant en partie détruits, il pourrait tout à fait entrer sans passer par la porte. Drôle et bien exécutée, cette scène surligne également tout le conservatisme du père, sa tendance à respecter un ordre qui n’existe plus, mais qu’il désirerait voir exister encore. Plus que de dire toute l’absurdité du conservatisme en temps de survie, un fort besoin de nouveauté, de sortie de cadres contraignants se fait ressentir dans Nezouh. Cette nécessité s’incarne, pour les personnages, dans le fait de ne plus être à la merci du père, de sortir de cet appartement, pour le film, dans celui de proposer des représentations nouvelles. Une volonté explicitée au sein du long-métrage : alors que le voisin de Zeina lui montre son dernier métrage, il affirme que l’on n’y voit personne mourir. La jeune femme s’interroge : « Un film en Syrie où personne ne meurt, ça existe ? ». Par cette question, Soudade Kaadan dicte le projet de son œuvre : se permettre ce film-là, ce nouveau type de représentation. Bien qu’il ne montre pas la mort, la violence, le film ne cherche pas à faire comme si elle n’existait pas : elle est là, dans les discours anxieux, dans la ville détruite. Mais, ici, l’on veut se laisser regarder ailleurs, donner à son cerveau un peu de répit en se laissant penser à autre chose. Que le cinéma ne soit pas, lui non plus, colonisé, frigorifié, par les affres de la violence. Un ton optimiste qui évite l’idéalisme, le film a de quoi réjouir. Cinéman

De Wissam Charaf avec Clara Couturet, Ziad Jallad, Darina Al Joundi, Rifaat Tarabay, Kawsie Chandra, Ghina Daou, Rami Fadel, Adam Alothman
Drame - France / Liban / Qatar / Italie - 2023 - VOST - 1h23

Dirty Difficult Dangerous

Ahmed, réfugié syrien, espérait trouver l’amour en Mehdia, une femme de ménage éthiopienne. Mais à Beyrouth, cela semble impossible... Ce couple de réfugiés sentimentaux réussira-t-il à trouver sa voie vers la liberté alors qu'Ahmed, survivant de la guerre en Syrie, semble rongé par un mal mystérieux qui transforme son corps peu à peu en métal ?

Wissam Charaf navigue entre drame social, romance contrariée et cinéma fantastique sans caricaturer l'une ou l'autre des approches. Chapeau. Ecran Large
  • Légendes des pictos :
  • Séance suivie d'une rencontre |
  • Sous-titrage sourds et malentendants |
  • VF Version française |
  • Séance précédée ou suivie d'un repas

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