Films du mois
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- Légendes des pictos :
- Séance suivie d'une rencontre |
- Sous-titrage sourds et malentendants |
- VF Version française |
- Séance précédée ou suivie d'un repas
De François Pirot avec Jérémie Renier, Suzanne Clément, Samir Guesmi, Jean-Luc Bideau, Jackie Berroyer, Catherine Salée, Nilton Martins, Lisa Harder, Bérangère Mc Neese
Comédie - Belgique / France / Suisse / Luxembourg - 2022 - VF - 1h43
Ailleurs si j'y suis
Alors que sa famille et son métier le mettent sous pression, Mathieu, sur un coup de tête, s’enfonce dans la forêt devant chez lui. Et y reste. Face à cette démonstration de liberté, ses proches s’interrogent… Sur lui, sur eux-mêmes, sur le sens de leur vie… Et s’il avait raison ?
Il en a marre d’être constamment sous pression : un jour, il pénètre dans la forêt à côté de chez lui et il y reste… Une comédie belge joliment perchée et mélancolique sur les différents chemins du bonheur avec un casting chouette comme tout. Télérama
De Alexey Chupov, Natalya Merkulova avec Yuriy Borisov, Timofey Tribuntsev, Aleksandr Yatsenko, Viktoriya Tolstoganova, Natalya Kudryashova
Historique Drame - France / Russie / Estonie - 2021 - VOST - 2h00
Le Capitaine Volkonogov s'est échappé
URSS, 1938. Staline purge ses propres rangs. Les hommes du NKVD qui mettent en œuvre la répression sont eux-mêmes arrêtés et exécutés. Capitaine zélé du NKVD, Volkonogov se sait parmi les condamnés et s’échappe. Dans sa fuite, il va chercher à expier ses fautes en recueillant le pardon des familles de ses victimes.
De Maryam Touzani avec Lubna Azabal, Saleh Bakri, Ayoub Messioui, Mounia Lamkimel, Hamid Zoughi
Drame - France / Maroc / Belgique / Danemark - 2022 - VOST - 2h04
Le Bleu du caftan
Halim est marié depuis longtemps à Mina, avec qui il tient un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé, au Maroc. Le couple vit depuis toujours avec le secret d’Halim, son homosexualité qu’il a appris à taire. La maladie de Mina et l’arrivée d’un jeune apprenti vont bouleverser cet équilibre. Unis dans leur amour, chacun va aider l’autre à affronter ses peurs.
A écouter : Tous les cinémas du monde (RFI) : «Le bleu du caftan» dévoile le tabou de l’homosexualité au Maroc
Au Maroc, un tailleur doit cacher son homosexualité, connue seulement de son épouse. Jusqu’à ce qu’un apprenti jette le trouble... Maryam Touzani signe, avec son deuxième film, une grande œuvre. Dans Adam (2019), Maryam Touzani racontait une émancipation et un retour de la vie dans le huis clos d’une modeste pâtisserie. La noblesse d’un petit artisanat en voie de disparition et le réveil de désirs longtemps refoulés sont, à nouveau, au cœur du deuxième, et splendide, long métrage réalisé par l’actrice marocaine. Avec une différence majeure : il est cette fois question d’homosexualité, sujet encore tabou en terre d’Islam. Halim, tailleur traditionnel dans la médina de Salé, confectionne à la main des caftans richement brodés dans la boutique gérée par sa femme, Mina. Le couple est très complice, uni peut-être plus encore qu’aux premiers jours, mais vit depuis toujours avec le secret d’Halim, attiré par les hommes. Alors que les jours de Mina, en récidive d’un cancer, sont comptés, un étonnant triangle amoureux va se former avec l’arrivée d’un jeune apprenti, Youssef. Tandis qu’Halim prépare le tissu de la tunique luxueuse dont la conception rythmera tout le récit, le couturier explique à son élève l’importance de la marge entre la ligne de découpe et le patron du vêtement : c’est « le centimètre du mâalem » (le maître artisan), qui fait la différence entre une création exceptionnelle et les produits standardisés des usines. Le film de Maryam Touzani se situe, lui aussi, dans cette bande étroite, et fragile, qui fait les grandes œuvres. Pour rester dans la métaphore couturière, la mise en scène a la précision millimétrée des dentellières pour rendre sensibles, dans des clairs-obscurs délicats, les désirs contraints d’Halim (Saleh Bakri, élégant et subtil), la douleur de Mina (Lubna Azabal, poignante), le trouble de Youssef (Ayoub Missioui, toujours juste). Si les émotions ne s’y expriment qu’avec la plus grande pudeur, Le Bleu du caftan déborde en revanche de sensualité. Pas besoin de scènes érotiques pour cela (les rencontres d’Halim avec ses amants passagers au hammam sont, d’ailleurs, laissées hors champ) : des gros plans de mains caressant un tissu ou palpant une broderie suffisent. Télérama
De Zaza Buadze
Drame - Ukraine - 2020 - VOST - 2h02
MOTHER OF APOSTLES
L’amour maternel n’a pas de limites. En Ukraine, lorsque Sofia apprend que l’avion piloté par son fils a été abattu, elle part en première ligne. Elle ne sait pas si son fils ou un autre membre de l’équipage a survécu. Sa quête va l’amener à faire des rencontres, parfois inattendues.
Rencontre avec Zaza Buandze, réalisateur, et Inga Zhyntnia*, directrice artistique.
*Inga Zhyntnia est aussi artiste. Elle a trouvé refuge à Mulhouse avec sa famille et a récemment exposé à la bibliothèque Grand Rue.
De July Jung avec Bae Doona, Kim Si-eun, Jung Hoe-ryn, Kang Hyun-oh, Bahk Woo-young
Policier Drame - Corée du Sud - 2022 - VOST - 2h15
About Kim Sohee
So-Hee, lycéenne qui travaille en apprentissage dans un centre d'appels, est impliquée dans une affaire. Le détective Yoo-Jin enquête sur l'affaire.
Second film de la coréenne July Jung après A girl at my door, Next Sohee a l’honneur de clôturer la belle Semaine de la Critique 2022. Mêlant le film d’enquête et le portrait croisé de deux personnages féminins, magnifiquement campés par Doona Bae et Kim Si-eun, ce long-métrage met en lumière le désastre d’un ultra-libéralisme triomphant qui détruit l’individu. Inspiré à la cinéaste par un fait réel, Next sohee suit l’histoire d’une lycéenne, passionnée de danse, qui se fait engager pour un stage dans un centre d’appel téléphonique, Human & Net. D’emblée, elle est jetée dans le grand bain avec des consignes explicites pour remplir sa mission : dissuader les clients qui souhaitent résilier leur abonnement. On lui présente les principales techniques de persuasion, ainsi que les objectifs de performance ostensiblement affichés dans la salle de travail – avec le classement des employées qui recense les taux de réussite de chacune et trône comme une épée de Damoclès. Ce culte de la performance est au coeur du film, exposant continuellement cette notion de classement qui broie les individus quel que soit leur positionnement hiérarchique. Menacée dès le premier appel, armée de son casque téléphonique, elle remplit sa mission la mort dans l’âme, déjà écrasée par les menaces de mesures de restriction venant du siège de l’entreprise (s’ils n’atteignent pas les objectifs, des postes seront vraisemblablement supprimés). La force de la première partie de Next Sohee est de retranscrire de façon éloquente et opppressante les déviances du management au 21e siècle : pressions, culpabilisation, humiliation. Le monde du travail coréen, à l’image des sociétés occidentales, souffre d’une déshumanisation galopante qui pousse à entrer en concurrence avec ses propres collègues de travail et à cultiver la politique du silence. Diviser pour mieux régner, telle semble être le leitmotiv de la hiérarchie. Suite au suicide du manager, qui accompagne son geste d’une lettre d’alerte sur les conditions de travail de son personnel, une nouvelle cheffe d’équipe est recrutée dans l’urgence pour remettre tout le monde au travail – quitte à tenir un discours hors sol, truffé d’arguments fallacieux. L’étau se resserre autour de Sohee qui, comme le spectateur, commence à suffoquer dans cet environnement toxique. Lors de la première heure, July Jung signe une radiographie alarmante d’une société en souffrance et d’une jeunesse sous pression. D’un côté, son employeur la somme d’améliorer ses résultats. De l’autre, son école l’incite à se faire violence – sans connaître les conditions réelles de travail de ses étudiants – afin de ne pas plomber la réputation de l’établissement dont les financements d’état dépendent des chiffres d’embauche de ses élèves. Enfin, la pression familiale se distille comme une injonction à réussir pour Sohee, issue d’une famille modeste, contrainte de taire sa souffrance auprès de ses parents afin de ne pas les décevoir. Lorsque l’irréparable arrive, l’histoire bascule dans le film d’enquête par le prisme du second personnage, celui de Oh Yoo-jin, en charge des investigations. D’abord décidée à classer l’affaire rapidement, elle remarque progressivement que cette disparition n’est pas le fruit d’une fragilité psychologique mais bien du cadre professionnel. Longtemps le film tait la souffrance de ses protagonistes, y compris celle de cette inspectrice dont on devine qu’elle se remet d’un traumatisme personnel. Pourtant, à mesure qu’elle déniche des éléments incriminants qui expliqueraient le geste de Sohee, ce personnage va progressivement dévoiler ses meurtrissures et devenir le catalyseur de la révolte du spectateur jusqu’à une ultime scène somptueuse et bouleversante qui, à l’image de la dernière séquence de Plan 75 (présenté à Un Certain Regard), insuffle un vent libérateur bienvenu pour laisser jaillir une émotion authentique. Magnifiquement porté par ses deux comédiennes, soigné dans son écriture et dans sa mise en scène sans esbrouffe mais toujours au service du récit et de ses personnages, Next Sohee s’affirme comme un excellent choix de clôture pour la Semaine de la Critique et confirme les promesses d’une cinéaste à suivre. Le Bleu du Miroir

4 courts métrages suivis d'échanges
Court-Métrage - France - 2023 -
Marathon de l'autisme
A l'occasion de la journée internationale de sensibilisation de l'autisme (2 avril), les associations SINCLAIR organisent un évènement inter-services dont le but est de sensibiliser un large public à l'autisme et de présenter ses dispositifs d'accompagnement spécifiques.
Projection de films réalisés par les bénéficiaires et les professionnels de l'association SINCLAIR
Le jeudi 6 avril à 19h. Présentation et projection de 4 courts métrages suivies d'échanges. Un buffet cloturera la soirée.
ENTREE LIBRE SUR INSCRIPTION OBLIGATOIRE sur www.sinclair.asso.fr rubrique "Actualités"
De Mani Kaul avec Garima, Gurdeep Singh, Richa Vyas, Lakhanapal, Savita Bajaj, Rochak Pandit, John Abraham
Drame - Inde - 1969 - VOST - 1h46
Uski Roti
Sucha Singh est chauffeur de bus dans le Pendjab. Tous les jours, sa femme Balo lui prépare son déjeuner.
[Une] œuvre quasi silencieuse, faisant presque figure de manifeste tant s’y révèlent avec élégance le minimalisme, l’épure du trait et un motif récurrent dans ses premiers opus : l’attente, qui semble être le lot de la condition féminine même. Libération
De Jean-Albert Lièvre avec Jean Dujardin
Documentaire - France - 2023 - VF - 1h22
Les Gardiennes de la planète
Une baleine à bosse s'est échouée sur un rivage isolé. Au cours de la lutte pour lui sauver la vie, nous découvrirons l'histoire de ces créatures extraordinaires, habitants des océans du monde. Adaptation du roman, Whale Nation, d'Heathcote Williams.
Les Gardiennes de la planète s’affirme comme un objet de cinéma tout autant visuel, sonore, musical et littéraire. Finalement, les immenses animaux des mer qu’il filme semblent des opportunités à réfléchir sur soi, et à prendre la mesure des équilibres fragiles du monde. Le plus étourdissant demeure la facilité avec laquelle Jean-Albert Lièvre semble approcher les animaux. Il balaye leur peau, s’amuse à les contourner. Parfois, il les regarde du haut du ciel puis retourne au plus profond des flots, là où les baleines semblent sommeiller. Le long-métrage se veut une formidable machine à rêver destinée aux enfants et à leurs parents. On est happé proprement par ces litres de mer et ce rythme totalement incroyable des poissons géants, constitué de lenteurs, de vitesse et de virtuosité. Le documentariste parvient à humaniser les baleines, à nous les rendre quasiment accessibles et à créer entre elles et le spectateur une sorte de fraternité heureuse. Pour autant, le film ne s’illusionne pas sur la cruauté humaine et des blessures que nous imposons à l’univers et donc à ces êtres fragiles et pacifiques. Avoir à Lire
De Ange Leccia, Dominique Gonzales-Foerster avec Christophe
Documentaire Musical - France - 2022 - 1h26
Christophe… définitivement
Mars 2002, Christophe est de retour sur scène après 28 ans d’absence. La caméra, amoureuse, capte, fixe des mots, des sons, des couleurs, des instants. Christophe… définitivement est un film en suspension construit comme un concert idéal. Il défait la chronologie et nous transporte des scènes de l’Olympia à Versailles, des coulisses à l’appartement home-studio de Christophe où se mêlent ses passions, ses fétiches, ses trésors accumulés au fil du temps et où naissent ses chansons…
Il était tantôt rock star, tantôt poète anxieux. Un documentaire rend hommage au dandy de la chanson française, disparu il y a trois ans. Christophe s’en est allé secrètement, au début de la pandémie, à 74 ans. Tout aussi discrètement apparaissait alors sur la plateforme de la Cinémathèque Personne n’est à la place de personne, récit filmique par Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia de leur collaboration à six mains pour les concerts du musicien à l’Olympia, en 2002. Les deux artistes plasticiens persistent et livrent un nouvel hommage au dandy de la chanson avec ce documentaire sur les tribulations scéniques, et en coulisses, du Christophe d’il y a vingt ans. À travers leur regard épris, on distingue deux Christophe : l’icône auréolée par la lumière des projecteurs sur scène, et Daniel Bevilacqua (nom de naissance), l’homme qui bidouille et bavarde. Le montage alterne entre le premier, rock star exigeante, et le second, poète anxieux tout en interrogations et divagations. On l’observe au travail, backstage, ou dans son appartement-studio. Entouré de ses bibelots et grigris, il a ses obsessions, ses manies. Son tic, « Tu vois ce que je veux dire ? », ponctue des anecdotes comme une ritournelle. Il exige que son prompteur affiche des mots violets — pas bleus ni blancs : le technicien s’exécute. Christophe n’apprenait pas ses textes. Les plasticiens devenus réalisateurs orchestrent une synthèse progressive. Les bribes deviennent des morceaux concrets, moments de bravoure musicaux sur scène. On accède alors au concert complet, dans toute sa cinégénie. Christophe et le cinéma, c’est une évidence, comme quand, dans un geste éthéré, il mettait du Charles Péguy en musique pour Jeanne, de Bruno Dumont. « 2001, Zéro de conduite, Crash, Les Valseuses… » : il énumère volontiers les films de son cœur. Spectateur et animal de cinéma, « le plus embrasé que la Terre ait porté », comme il le chantait dans son ultime album sur le morceau Définitivement. Télérama

De Allan Wisniewski
Documentaire - France - 2021 - 55min
QUAND L'ECOLOGIE SORT DU BOIS
À l’heure où les problématiques environnementales nous interpellent et nous laissent souvent désemparés, des femmes et des hommes ont décidé de réhabiliter le bois comme matériau d’avenir. Par leur engagement quotidien, ils redéfinissent ensemble la notion même d’habiter un territoire rural et urbain et promeuvent ainsi d’autres modes de travailler, de s’alimenter et de se déplacer. Ainsi nous apprécierons comment par la valorisation des savoir-faire locaux, l’utilisation des matériaux de proximité, le refus de l’hégémonie techniciste, le recours à l’intelligence collective et aux pratiques coopératives, ils réussissent à revivifier l’économie locale et esquissent de véritables alternatives qui répondent aux enjeux environnementaux actuels.
Rencontre avec Julien King-Georges, architecte et réalisateur, animée par la MEF en partenariat avec la MEA.
Verre offert par la Maison Européenne d’Architecture à l’issue de la séance.
De Yasuzō Masumura avec Ayako Wakao, Shinsuke Ashida, Yūsuke Kawazu, Ranko Akagi, Jotaro Senba
Drame - Japon - 1966 - VOST - 1h35
L'Ange rouge
En 1939, pendant l'occupation de la Chine par les Japonais, la Japonaise Sakura Nishi est envoyée en Chine comme infirmière, et se trouve confrontée aux horreurs et au malheur des blessés et des infirmes. Elle noue une relation particulière avec le docteur Okabe, un homme plus âgé marqué par la vie.
Rencontre avec Eric Peretti, programmateur du LUFF et des Hallucinations collectives de Lyon.
1931, le Japon de l’empereur Hiro-Hito envahit la Mandchourie. La seconde guerre sino-japonaise, théâtre du film, a duré 8 ans, tuant plus d’un million de soldats japonais et 9 millions de civils chinois auxquels ajouter 3 millions de soldats. C’est au cœur de cet enfer que Yasuzō Masumura place sa caméra, à proximité du conflit qui reste, hors la fin du film, hors champ. Ce sont les conséquences de la guerre que filme le réalisateur japonais, à travers les yeux de l’infirmière Sakura, dévouée corps et âme à son métier. L’ange rouge c’est elle, une femme d’une force exceptionnelle à laquelle Ayako Wakao prête son audacieuse beauté. D’abord humiliée par un groupe de soldats en quête d’amusement et de sensations – la scène est esquissée, soustraite à la caméra, laissant présager le pire – Sakura va dépasser son traumatisme dans une volonté d’abnégation totale. REDONNER VIE À LA CHAIR Bientôt la femme et l’infirmière ne font qu’un. Masumura filme l’hôpital de guerre à mi-chemin entre la boucherie et l’abattoir. Dépassé par le nombre de victimes, en manque de tout, le corps médical ampute à la chaîne des corps menacés par la gangrène. S’enchainent d’effroyables séquences, où le noir et blanc de l’image devient noir sur blanc, le rouge du sang maculant les blouses de toutes parts, et où le son des scies semble déchirer l’atmosphère chargée de terreur. Sakura seconde le Docteur Okabe, homme consommé par le conflit, qui exerce par devoir, à bout de nerfs et d’espoir. Quand le soldat Sakamoto arrive à l’hôpital, son cas est désespéré. Sakura reconnaît un des hommes qui l’ont avilie. À rebours d’une vengeance qui se justifierait, elle plaide son cas auprès du Docteur Okabe, qui finit par accepter de réaliser une transfusion à la seule condition qu’elle lui rende visite dans sa chambre. La relation qui se noue alors entre le médecin et l’infirmière se transforme en passion contrariée. Devenu morphinomane, Okabe a perdu sa virilité, il ne peut rien donner à Sakura. C’est un homme perdu que la jeune femme se met en tête de rendre à la vie. SACERDOCE ET SACRIFICE Le thème de l’impuissance masculine traverse le film comme une plaie que la guerre inflige à ceux qui la font. L’épisode avec le soldat amputé des deux bras annonce la relation de dépendance qui sera, quelques années plus tard, au centre de Johnny Got His Gun, l’étendard antimilitariste de Dalton Trumbo. Sakura efface la frontière entre sacerdoce et sacrifice, et ne supporte pas que ces soldats soient victimes d’une double peine, d’abord blessés dans leur chair puis volontairement soustraits à leurs familles par propagande de guerre. Elle se comporte comme une sainte mais ne fait pas de miracles. Sakamoto est mort et l’homme sans bras se jette du toit de l’hôpital. À la mort qui se répand comme un poison sur les zones de conflit, Musumara oppose l’intimité d’une chambrée où se joue, métaphoriquement, le sort de l’humanité. Sakura parviendra t-elle à refaire de Okabe un homme ? Les scènes du couple, dissimulées derrière des voilages, sont à la fois chastes et intenses, la dramaturgie à l’œuvre dépassant de beaucoup le simple cadre du plaisir charnel. Parfait exemple du combat entre Eros et Thanatos, L’Ange rouge est un grand film transgressif, ample et intime, à la fois brûlot antimilitariste et drame érotique. Le film, inédit en France, constitue le point d’orgue de sa collaboration avec la grande Ayako Wakao, sa muse (20 films ensemble). Entièrement restauré, il nous parvient aujourd’hui dans son incroyable beauté. Le Bleu du Miroir
De Varante Soudjian avec Alban Ivanov, Lucien Jean-Baptiste, Audrey Pirault, Moncef Farfar, Thilla Thiam, Lucie Charles-Alfred, Mamari Diarra, Enzo Lemartinet, Anne-Valérie Payet, Mathias Minne, Frédéric Achard
Comédie - France - 2021 - 1h45
La Traversée
Éducateurs de quartier, Alex et Stéphanie emmènent cinq ados déscolarisés pour faire une traversée de la Méditerranée et les réinsérer par les valeurs de la mer. Mais arrivés au port, ils tombent sur Riton, leur skippeur, un ancien flic de la BAC, qui a tout quitté pour fuir la banlieue. Ces jeunes, c’est son pire cauchemar. Contraints, ils se retrouvent tous embarqués sur le même bateau pour une virée en mer de quinze jours. Une chose est sûre, après cette Traversée, ils n’auront plus tout à fait la même vision du monde…
Tarif de 5 € pour tous et séance suivie d’un goûter.
En partenariat avec les Papillons blancs.
Emmener un groupe d’ados déscolarisés pour voguer quinze jours sur la Méditerranée n’est pas de tout repos. C’est que raconte La Traversée, une comédie signée Varante Soudjian. Des éducateurs incarnés par Audrey Pirault et Lucien Jean-Baptiste en font les frais. « On force un peu le trait pour le plaisir de faire rire, explique ce dernier à 20 Minutes. Mais ce que décrit le film correspond à une réalité. » Les choses ne sont pas toujours évidentes entre les jeunes, leurs moniteurs et le capitaine du bateau, un ancien policier un brin xénophobe joué par Alban Ivanov. « J’ai aimé le côté généreux du scénario, insiste Lucien Jean-Baptiste. Je trouve important de montrer que les choses peuvent souvent s’arranger quand on prend la peine de se parler. Cette comédie célèbre le pouvoir du dialogue. » Une vague de bienveillance Ateliers improvisés, prises de becs, magouilles et autres petits arrangements sont invités à bord tant par les adultes que par les jeunes et ça barde souvent. « Le film montre la lassitude de certains éducateurs usés par les difficultés, comme celui que je joue, et le feu sacré qui en anime d’autres, tel le personnage incarné par Audrey Pirault », explique Lucien Jean-Baptiste. Ces aventures maritimes n’angélisent personne mais rendent tout le monde attachant avec une vraie dose de générosité. « La bienveillance de l’ensemble est ce qui m’a attiré vers ce projet, reconnaît le comédien. Varante Soudjian et son coscénariste Thomas Pone ont choisi les bons ingrédients pour faire réfléchir sur la société actuelle sans pour autant se montrer agressifs dans leur démarche. » Un dépaysement qui fait sourire Ce côté bon enfant séduit le spectateur qui s’attache à des héros très humains dans leurs faiblesses comme dans leurs forces. « Personne ne devient violoniste virtuose, ni n'as de la rhétorique à la fin du film, déclare Lucien Jean-Baptiste. On parle de gens comme tout le monde, essayant de faire de leur mieux et apprenant à se respecter les uns les autres au fil de leur périple. » Toutes et tous rentreront au port plus mûrs et plus respectueux. Pour autant, La Traversée est avant tout destiné à faire sourire et s’acquitte de cette mission sans perdre le cap. « Le côté social ne doit pas faire oublier les qualités cinématographiques d’un film qui est fait pour être vu tous ensemble dans une salle de cinéma », martèle Lucien Jean-Baptiste. On prend un vrai plaisir à embarquer avec lui pour un voyage riche en gags et en péripéties qui fleurent bon la camaraderie. 20 Minutes

De Alexandre Lachavanne
Documentaire - Suisse - 2019 - 1h36
LE FACTEUR HUMAIN
C’est une histoire de lettres, d’amitié, de vélo, de décroissance, de partage et d’échanges. L’histoire d’un facteur comme il n’en existe plus. Au moment de prendre sa retraite, Vincent veut partir pour un long voyage à vélo. Mais peu lui importe la destination. Lui vient alors une idée géniale : transporter des lettres manuscrites qu’il s’engage à remettre en mains propres. Les adresses dessinent son parcours, constellation de lieux et de rencontres. Dans sa besace, des messages non urgents mais remplis d’émotions et d’humanité.
Rencontre avec Vincent Berthelot.
De Nicolas Philibert
Documentaire - France / Japon - 2023 - VF - 1h49
Sur l'Adamant
L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.
Rencontre avec le Dr Frédéric Khidichian, chef du Pôle Paris Centre - Hôpitaux de Saint-Maurice, le mardi 25 avril à 20h30
Ours d'Or à la Berlinale 2023
Dans son nouveau documentaire, le cinéaste français Nicolas Philibert filme l’Adamant. Ce centre de jour est au cœur de la ville, à Paris, mais comme le montre le tout début du film, il est un peu à part : sur l’eau. La caméra observe à distance, puis zoome jusqu’à nous inviter à bord. Philibert s’était déjà distingué il y a bientôt 30 ans avec La Moindre des choses qui se déroulait dans une clinique psychiatrique. Sur l’Adamant se penche sur un autre aspect du traitement des personnes souffrant de troubles psychiques. C’est, avant tout, un lieu d’expression. A l’Adamant on parle, on peint, on chante, on danse. C’est un lieu de rencontres et les intervenant.e.s brisent en quelque sorte le quatrième mur en ne parlant pas forcément à un interlocuteur invisible : le cinéaste, derrière la caméra, est régulièrement inclus dans les conversations. Le dispositif de Philibert n’est pas celui, par exemple, d’un Frederick Wiseman, qui filmerait un lieu pour en analyser les relations d’organisation et de pouvoir. Ici, il n’y a pas d’explication précise des soins, le réalisateur capte davantage des tranches de vie. Cela peut, de temps à autre, flirter avec une mignonnerie un peu pittoresque. C’est néanmoins compensé par le regard chaleureux de Philibert : de l’école d’Être et avoir aux coulisses de Radio France dans La Maison de la radio, la parole et la transmission sont chères à son cœur et constituent un précieux lien social. Sur l’Adamant raconte avec sensibilité le désir d’être là, le besoin d’autonomie. Les paroles de La Bombe humaine de Téléphone sont chantées avec intensité, plus tard un homme confie être médicamenté depuis 40 ans. De nombreux profils se présentent devant la caméra ; il n’y a jamais d’infantilisation et le regard réussit à être à la bonne hauteur. Le fil des conversations est parfois erratique – cela peut parfois être une forme de poésie : « J’ai fini par trouver la clef » dit l’un des intervenants, ajoutant « J’ai un trousseau de clefs ». A l’image de ce lieu qui, flottant sur la Seine, est malgré tout bel et bien relié à la ville, Nicolas Philibert (en compétition pour la première fois dans un festival de l’envergure de la Berlinale) ne filme pas pour autant une bulle coupée du monde. C’est un lieu précieux, fragile, et dans la réalité actuelle, le cinéaste inquiet s’interroge sur sa pérennité. Le Polyester
De Elena Walf, Jérémy Depuydt, Lucie Sunková, Marion Jamault, Sarah Joy Jungen, Karsten Kjærulf-Hoop
Animation - Allemagne / Danemark / France / République Tchèque - 2022 - 41min
La Naissance des oasis
Un jardin plein de mystères, des gouttes de pluie qui s'unissent en communauté éphémère, une oasis drôle et colorée ou encore des bergères qui dansent avec les nuages… Le cinéma est parfois là pour nous rappeler qu'il y a tout autour de nous de multiples raisons de s'émerveiller et de rêver. Enfin, n'oublions pas qu'il existe dans la nature, un petit quelque chose qui vaut plus que l'or, le pétrole et les diamants: le germe de la vie.
.Avec La Naissance des oasis, le distributeur Cinéma Public Films réussit un recueil harmonieux autour d’un sujet resserré : les bienfaits de la pluie pour la faune et la flore. Composé de cinq courts animés — produits entre 2005 et 2022 —, il propose d’infinies variations sur le motif du nuage : cumulonimbus électrique dans Il pleut bergère (Jérémy Depuydt, 2005), cumulus pluvieux dans Some Thing (Elena Walf, 2015). Ces deux films au style enfantin sont précédés de trois autres, dans lesquels la cohérence thématique passe par diverses techniques, combinées à de l’animation 2D numérique. L’aquarelle sied idéalement au fluide Drops (Sarah Joy Jungen et Karsten Kjærulf-Hoop, 2017), où le cycle de l’eau renvoie au cycle de la vie. Soit les tribulations d’une communauté de gouttes de pluie — bébés, adultes, vieillards —, qui s’évaporent, puis tombent au sol, etc. Au-delà du design suranné, le film séduit grâce au caractère protéiforme des personnages. À base de papiers découpés aux couleurs acidulées, le pétillant Naissance des oasis (Marion Jamault, 2022) décrit l’entraide entre un chameau (au sang chaud) et un serpent (au sang froid). La fraîcheur de ce dernier, qui ondule à travers le désert, permet de réduire la température au sol, jusqu’à ce que la végétation se déploie comme dans un livre pop-up. La peinture sur verre, enfin, donne un charme luxuriant à Suzie in the Garden (Lucie Sunková, 2022) : elle rendrait presque tangible le potager et le verger. Ou comment transformer plusieurs parcelles de jardin, explorées par une fillette, en décor de film d’aventures. Télérama
De Min Sung-ah, Mi-Young Baek
Animation - Corée du Sud - 2020 - MUET - 40min
Piro Piro
Piro Piro est un programme de 6 courts métrages. Un ensemble de 6 films d’animation poétiques et sensibles où le talent de 2 de jeunes réalisatrices sud coréennes, Baek Miyoung et Min Sung-Ah, dévoile des univers aux couleurs pastel et chaleureuses. Des petits oiseaux tissent le lien entre ces films, dans lesquels on partage des instants de tendresse et d’humour.
A base de dessins traditionnels (sur papier à grain), ce programme d’animation met à l’honneur le travail de réalisatrices sud-coréennes, avec le motif de l’oiseau en fil rouge. L’assemblage des six courts métrages, produits entre 2009 et 2020 – deux réalisés par Min Sung-ah et quatre par Baek Mi-young – permet de tisser un réseau de correspondances poétiques. A Bird Who Loves a Flower (2011) montre la symbiose entre un volatile et une fleur, en une succession d’enroulements et de déroulements d’ailes ou de pétales. Dommage que Ba-Lam (2015), tout en mutations permanentes, tire, lui, vers l’abstraction un peu facile. Les meilleurs films sont, en fait, ceux qui proposent une trame narrative, même ténue. Comme le mignon Koong ! Flap Flap (2013), qui raconte les interactions entre un passereau à tête jaune et un croco qui a sommeil. Ou le gracieux Piro Piro (2020), qui relate la rencontre d’un oiseau de la forêt et d’une congénère blessée, recueillie chez une fleuriste le temps de soigner son aile. Avec douceur, le court évoque la difficulté de retourner à l’état sauvage après avoir séjourné en cage. Coup de cœur : le singulier The Newly Coming Seasons (2009), qui se situe dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, mise en place après l’armistice de 1953. Les tons translucides des animaux – comme à l’aquarelle –, y contrastent avec les lignes tranchantes des barbelés. Le no man’s land prend des allures de réserve naturelle pour la faune – dont des échassiers –, en dépit des coups de feu qui résonnent, symboles d’une activité humaine menaçante. Télérama
De Rasmus A. Sivertsen avec Thorbjørn Harr, Aksel Hennie, Jeppe Beck Laursen, Linn Skåber, Mads Hansen
Animation - Norvège - 2022 - 1h20
Le Lion et les trois brigands
Bienvenue à Cardamome, la ville la plus paisible au monde ! La boulangère prépare ses petits pains, le cordonnier répare les souliers et la météo annonce toujours du beau temps : rien ne pourrait semer le trouble parmi les habitants. Rien, vous dites ? C’est sans compter trois drôles de crapules du nom de Casper, Jasper et Jonathan, qui se sont mis en tête de s’aventurer en ville… et attention, ils ont un lion !
Les « trois brigands » du titre seraient-ils ceux de l’illustrateur Tomi Ungerer (1931-2019) ? Il s’agit, en fait, de héros créés pour une pièce radiophonique, puis passés au théâtre, puis dans un album jeunesse, sous l’impulsion de Thorbjørn Egner (1912-1990), auteur norvégien très populaire en son pays. Sept ans après Dans la forêt enchantée de Oukybouky, Rasmus A. Sivertsen transpose à nouveau Egner sur grand écran. Entre conte moral et comédie musicale, il orchestre la confrontation du trio de voleurs (plus un lion) avec la population d’une ville imaginaire, Cardamome, visuellement inspirée de la cité fortifiée d’Essaouira, au Maroc. Pour un éloge, naïf mais sincère, de la bienveillance, où tous les habitants, y compris les commerçants lésés (charcutier, boulangère, épicier), découvrent les joies du pardon. À lire aussi : La Norvège, patrie des trolls et de Henrik Ibsen Parmi les longs métrages réalisés par ce cinéaste prolifique, spécialiste de l’animation de marionnettes, seuls quelques-uns sont sortis dans les salles françaises. Comme Le Voyage dans la Lune (2018), tout en bricolages poétiques, dans le sillage de Wallace et Gromit. Produit avec une équipe réduite durant la crise sanitaire, Le Lion et les Trois Brigands utilise, lui, une combinaison de décors en volume et de personnages numériques, donnant l’illusion d’un tournage en stop motion. Cette technique originale confère dynamisme et rythme aux chorégraphies, notamment lorsque les bandits cherchent des affaires dans leur maison sens dessus dessous. De quoi compenser le style désuet des protagonistes – les couleurs vestimentaires du chef de la police ressemblent à celles de Oui-Oui –, limite récurrente chez Sivertsen. Télérama
De MERCAT Armelle, ROSSET Marina, RAO Nandini, RAO Nirupa, SANGHVI Kalp, DIVIAK Filip
Animation Court-Métrage - France / Suisse / Tchéquie / Inde - 2022 - 45min
Contes de Printemps
Un programme de 4 courts métrages pour réveiller la nature et les cœurs ! Le printemps s'annonce. Au milieu de la jungle ou de la forêt, la nature reprend ses droits, les rencontres en surprennent plus d'un, les sentiments amoureux éclosent et les troubadours chantent pour la reine. Des histoires d'une grande originalité portées par de jeunes talents de l'animation pour fêter cette saison pleine de promesses…
Dans ce florilège au titre rohmérien, l’amour (de la nature) se célèbre par la biodiversité. Soit la représentation de multiples espèces animales, entre art du détail et stylisation enfantine. L’animation 2D de L’Esprit de la forêt (Kalp Sanghvi, Nandini et Nirupa Rao, 2022) repose sur des décors peints à la main par un trio de réalisateurs indiens, dont une artiste botanique. En explorant une forêt primaire, sorte de « monde perdu » à la Conan Doyle, une jeune fille découvre une végétation ancestrale (racines aériennes autour des marais) autant que des espèces disparues, dont un tyrannosaure. Dans Colocation sauvage (Armelle Mercat, 2022), la précision zoologique vient d’une technique mêlant stylo et aquarelle sur des supports translucides (papier-calque) ou transparents (rhodoïd). Soit le périple en pleine jungle d’une chèvre, à la gentillesse désarmante pour les prédateurs (boa constrictor, groupe de crocodiles), qui construit une cabane commune avec un duo de tigres. À lire aussi : Netflix, Disney+, Okoo… : pour votre enfant, quelle plateforme choisir ? Plus stylisés, les deux autres films sont élaborés à partir de dessins sur papier numérisés en 2D. Avec Mélodie des bois (2020), l’esprit cartoon de Filip Diviak, auteur du Réveilleur et du Gnome et le Nuage, fait à nouveau merveille. Chassé d’une ville fortifiée, un troubadour au visage plein de cicatrices est accueilli en forêt par des bestioles rigolotes (raton laveur, écureuil), cousines des Musiciens de Brême. Coup de cœur pour l’attachant La Reine des renards (2022), où la souveraine des goupils collectionne la correspondance amoureuse trouvée dans les poubelles de la ville voisine. Marina Rosset s’appuie sur un scénario ingénieux, ponctué d’une voix off intelligente. Le plus chaleureux ? Quand les renards se blottissent les uns contre les autres pour dormir, formant une créature à plusieurs têtes. Télérama
De Marya Zarif, André Kadi
Animation - Canada/France - 2022 - 1h12
Dounia et la princesse d'Alep
Dounia a 6 ans, elle quitte Alep avec quelques graines de nigelle au creux de la main et avec l’aide de la princesse d’Alep, Dounia fait le voyage vers un nouveau monde.
Racontant avec poésie et lyrisme la douleur de l’exil, Dounia et la Princesse d’Alep est une magnifique ode au conte et à l’art comme échappatoire à la dureté du réel. Née en Syrie, dans une famille chrétienne cosmopolite trilingue qui voyageait énormément, Marya Zarif a eu l’idée d’adapter un projet de mini-série en 6 épisodes, profitant de sa double richesse culturelle pour transmettre les influences ayant contribué à sa construction en tant que femme et artiste. Au gré des cultures et des langues, d’une mythologie à l’autre, elle s’est découvert un goût pour le conte qu’elle tente de transmettre dans ce film d’animation merveilleusement poignant. Le bleu du miroir
De Steffi Niederzoll avec Zar Amir Ebrahimi, Reyhaneh Jabbari, Shole Pakravan, Shahrzad Jabbari, Fereydoon Jabbari, Sharare Jabbari
Documentaire - France / Allemagne - 2023 - VOST - 1h37
Sept hivers à Téhéran
En 2007 à Téhéran, Reyhaneh Jabarri, 19 ans, poignarde l'homme sur le point de la violer. Elle est accusée de meurtre et condamnée à mort. A partir d'images filmées clandestinement, Sept hivers à Téhéran montre le combat de la famille pour tenter de sauver Reyhaneh, devenue symbole de la lutte pour les droits des femmes en Iran.
Temps d'échange avec ATTAC et la Ligue des Droits de l'Homme à l'issue de la projection.
Une silhouette de femme se tient devant la maquette d’une prison, sorte de grand dortoir alignant des lits superposés chacun sur trois niveaux. Basé sur des enregistrements audios et des lettres à elles, mais aussi sur des prises de vues clandestines, c’est le destin brisé de Reyhaneh Jabarri, devenue depuis un symbole, puisque médiatiquement connue au niveau international, qui nous sera ici raconté. Entre interviews des proches (sa mère, son père, ses sœurs), prises de vues réelles, images de manifestations, et immersions dans la maquette, c’est le scandale d’une affaire d’agression sexuelle, où le droit de la victime à se défendre (et en l’occurrence ici à se défendre de son agresseur) sera nié, au nom d’une gente masculine dirigeante, incapable d’admettre les tords de certains de ses membres, et préférant sauvegarder des réputations posthumes plutôt que d'afficher la vérité. Il en ressort un douloureux sentiment d’impunité, qui a d’autant plus de résonance aujourd'hui avec les mouvements de protestations ayant eu lieu récemment en Iran. Au final c’est tout un système qui est dénoncé ici, au travers d’un documentaire implacable, décrivant les aveux forcés, la torture des proches, les pressions incessantes, un procès bâclé à la parole muselée. Le récit de l'arrivée dans l'appartement, avec de lents panoramiques sur les pièces qui entourent la caméra, est particulièrement impactant. Paradoxalement, une fois le jugement passé, l’attente deviendra facteur d’action, construisant comme un mouvement d’espoir autour de cas plus douloureux les uns que les autres (les témoignages indirects de la situation initiale d'autres prisonnières sont encore plus glaçant...). Pudique jusqu’au bout, "Sept Hivers à Téhéran" résonne comme un cri d’alarme particulièrement d’actualité. Abus de Ciné
De Emin Alper avec Selahattin Paşalı, Ekin Koç, Selin Yeninci, Erol Babaoğlu, Erdem Şenocak
Thriller - Turquie / France / Allemagne / Pays-Bas / Grèce / Croatie - 2022 - VOST - 2h08
Burning Days
Emre, un jeune procureur déterminé et inflexible, vient d’être nommé dans une petite ville reculée de Turquie. A peine arrivé, il se heurte aux notables locaux, bien décidés à défendre leurs privilèges par tous les moyens, même les plus extrêmes.
Le film turc "Burning Days" restera sans doute comme l’un des meilleurs films de cette 75e édition du festival de Cannes. Présenté dans la section Un certain regard, ce thriller vénéneux possède à la fois des qualités esthétiques indéniables, utilisant à merveille les décors naturels aux alentours d’une petite ville où vient de s’installer un jeune procureur inflexible, qu’un scénario implacable fustigeant la corruption généralisée. Autour d’un scandale lié à l’approvisionnement en eau qui n’a jamais vu son procès avoir lieu, le scénario utilise ce personnage de procureur pour poser les bonnes questions, sur fond d’élections municipales tendues à venir. Rapidement, le spectateur ne sait, tout comme ce personnage, pas non plus à qui se fier, le scénario propageant ainsi l'inquiétude autour du sort de ce jeune homme que tout le monde voudrait avoir dans sa poche : les chasseurs irresponsables, le maire tout-puissant, un journaliste local fils du concurrent à l'élection... Emin Alper ("Derrière la colline") a le don de créer des scènes où la puissance graphique revêt une signification particulière, qu’il s’agisse du plan zénithal sur la traînée laissée par un sanglier abattu attaché à l’arrière d’un pick-up, ou du magnifique plan final. Un film au suspense insoutenable et aux messages politiques forts. Abus de Ciné
De Hajime Hashimoto avec Yuya Yagira, Hiroshi Abe, Eita Nagayama, Hiroshi Tamaki, Munetaka Aoki, Miori Takimoto, Seishu Uragami, Haruka Imou, Min Tanaka, Chiyo Takahashi, Hitoshi Nonomura, Koichi Koshinaka, Yuuki Tsujimoto
Biopic Historique Drame - Japon - 2020 - VOST - 2h09
Hokusai
Japon, XVIIIème siècle. Alors que le pouvoir impérial impose sa censure sur les artistes, le jeune Shunrô, apprenti peintre, est exclu de son école à cause de son tempérament impétueux et du style peu conventionnel de ses estampes. Personne n’imagine alors qu’il deviendra Hokusai, célèbre auteur de la Grande vague de Kanagawa.
Repas japonais à l’issue de la séance de 11h le dimanche 30 avril. 10 € sur réservation en sus du billet de cinéma au 03 89 60 48 99 ou cinebelair@wanadoo.fr avant le 26 avril.
Hokusai, le Maître des estampes On aurait pu craindre un énième biopic, intéressant mais sans trop de charme. Ce genre de film passe-partout qui convient si bien au format télévisuel : une époque, un peintre, sa vie, son œuvre, ses frasques et ses femmes, sa grandeur et sa décadence, son génie, sa folie… Mais non, on est ici ailleurs, car tout se passe par petites touches évanescentes et picturales. Dans un déroulé elliptique, la quintessence du célèbre Maître de l’estampe ukiyo-e (littéralement « image du monde flottant » en japonais) se mêle aux origines de son art, comme pour rendre hommage à son inconstance (Hokusai changea de patronyme pas moins de 120 fois !) et à la forme même de ses gravures, ayant inspiré les plus grands artistes contemporains et modernes, de l’Orient à l’Occident, à commencer par le mouvement impressionniste. On pense en particulier aux peintres du XIXe siècle, de Monet à Degas en passant par Manet. Grande Vague et Manga Souvent comparé à Hiroshige, exposé actuellement au Musée Guimet, celui qu’on surnommait « le vieux fou du dessin » avait une soif de création inextinguible, la volonté de renouveler sans cesse son art. Son exigence était telle qu’il jugeait n’avoir rien produit de bon avant l’âge de 60 ans et se réjouissait à l’âge de 75 ans des progrès qui attendaient encore son pinceau. Sa Grande Vague de Kanagawa, plus connue sous le fameux nom de La Vague, est aujourd’hui devenue la Joconde des Beaux-arts japonais. Sa reproduction est faite sous toutes les formes possibles. Tirée de sa série Trente-six vues du mont Fuji, elle représente des pêcheurs revenant de Tokyo, pris dans une tempête en arrière-plan. Cette œuvre majeure a renouvelé le langage de l’estampe japonaise, en y associant une « perspective » occidentale et la teinte du Bleu de Prusse. Son recueil de motifs, de paysages et de croquis variés, Hokusai manga, incarnation même du japonisme et de la célébration d’une nature animiste, demeure un objet de fascination pour les critiques d’art et musées du monde entier ! Du japonisme à la célébration d’une nature animiste Dans le film, nous sommes rendus au début du XIXe siècle, durant l’ère d’Edo, en pleine dynastie des Tokugawa réputés pour leur pouvoir particulièrement autoritaire. Le Japon d’alors est un théâtre d’ardentes luttes politiques et la sphère artistique n’y échappe pas. Alors que le gouvernement lance une série de réformes conservatrices destinées à restaurer l’ordre moral au Japon (c’est un axe particulièrement fort et passionnant du film), contraignant nombre d’artistes à vendre leurs œuvres sous le manteau, voilà que le jeune Hokusai commence à se faire une place dans le monde des estampes et de la peinture. À voir ses ambiguïtés pour le moins jalouses et son irrévérence à toute épreuve, partant au quart de tour pour la moindre vexation, qui aurait pu imaginer qu’il trouverait un jour les ressources de contempler les vagues pour en saisir l’essence, de l’émulsion brumeuse à son mouvement de fougue? Et pourtant… En quête de la matière et de la beauté Comme Michel-Ange comprenait la roche, ses veines, ses pulsations, le génie d’Hokusai lui permettait de dévoiler ce que recelait toute matière. Et c’est la force du film de montrer comment les propres sillons de l’artiste, ses contradictions, ses doutes, ses va-et-vient avec le temps, lui permirent de creuser son art, d’accentuer les signes, les écoulements à chaque surface d’objet, d’étoffe, de peau, au point de faire naître une sensation magique de densité, de relief. Un coup de génie au pays du Soleil levant Avec un sens du montage impulsif couplé à une recherche humble de la beauté (des plans aux décors en passant par les costumes), le réalisateur Hajime Hashimoto restitue ce qui anime toute création et donne une forme atypique à une œuvre qui l’est profondément, et n’a pas de prix. Un régal du plus bel effet, qui invite à mûrir avec folie et spiritualité, tout en ne bafouant jamais ses convictions profondes. À lutter contre la médiocrité, la sienne y compris, et les injustices. À se réaliser, imparfait et présent. Hanabi
De Gad Elmaleh avec Gad Elmaleh, Régine Elmaleh, David Elmaleh, Judith Elmaleh, Delphine Horvilleur, Olivia Jubin, Nicolas Port, Roschdy Zem, Jeremie Dethelot, Guy Moign
Comédie - France - 2022 - 1h33
Reste un peu
Après trois années passées aux USA, Gad Elmaleh retourne vivre chez ses parents à Paris et leur annonce qu’il devient catholique. Dans ses rêves, d’ailleurs, il voit la Vierge Marie…
Rencontre avec le collectif Maison commune.
On peut l’appeler Gad de manière familière. En effet, le célèbre comique revient des États-Unis. Il invite le spectateur chez ses propres parents, un couple de juifs sépharades, installés à Paris, comme si soudain nous étions à notre tour des amis intimes, autorisés à rencontrer sa famille et ses amis. Surtout, le comédien réalisateur nous entraîne dans les tourments joyeux d’un homme qui s’apprête à se faire baptiser et à renoncer à sa religion hébraïque. Reste un peu est un film casse-gueule. Il aborde la question si sensible du fait religieux dans une société contemporaine où il est devenu difficile de traiter frontalement cet enjeu. Elmaleh parvient avec un brio salutaire à chasser tous les stéréotypes, sans se priver pour autant de se moquer avec tendresse des radicalismes en tout genre. Il s’amuse avec les clichés des différentes communautés religieuses, mêlant les langues, les références culturelles et idéologiques dans un savoureux patchwork intime. En réalité, le spectateur prend un véritable plaisir à regarder cette page personnelle, cocasse et tendre à la fois. Le rire n’est jamais forcé. Au contraire, Gad Elmaleh, en se parodiant lui-même, parvient à créer un comique de situation intelligent et sensible. Pour autant, derrière le rire tendre, se cache une réflexion profonde sur la spiritualité. A juste titre, le comique se filme dans une petite salle parisienne remplie de jeunes gens pour la plupart dont les parents sont issus de l’immigration. On perçoit dans cette jeunesse le besoin absolu de se référer à une dimension spirituelle. L’ouverture d’esprit de ces gamins est magnifique. Le film d’Elmaleh rend hommage en ce sens à ces jeunes générations multiculturelles dont on perçoit la sensibilité et l’intelligence. Gad Elmaleh rit de lui-même et de ses proches, sans jamais céder à la vulgarité. Il met en scène ses propres parents et sa sœur qui composent une famille attachante et malicieuse. La confrontation de ces deux vieilles personnes à l’univers chrétien interroge finalement notre propre propension à caricaturer les groupes sociaux dont nous ne connaissons pas vraiment les us et coutumes. Le long-métrage est truffé de bonnes paroles et d’invitations à réfléchir. Même Delphine Horvilleur offre au spectateur, et sans doute à Gad lui-même, un petit morceau de philosophie tout à fait généreux et instructif. Finalement, derrière le récit personnel de Gad Elmaleh, c’est chacun d’entre nous qui sommes interrogés sur nos choix spirituels ou idéologiques, si difficiles à prendre. Voilà donc une œuvre de cinéma qui ne se prend pas au sérieux et contient pourtant mille et une pépites d’intelligence. Reste un peu est un long-métrage sensible et généreux qui devrait pouvoir rassembler toutes les communautés religieuses sans distinction. A voir à Lire
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- Séance suivie d'une rencontre |
- Sous-titrage sourds et malentendants |
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- Séance précédée ou suivie d'un repas