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Chronique

« Ce que tu peux être con ! T’es même pas con, t’es bête. Tu vas jamais au cinoche, tu lis pas, tu te tiens au courant de rien. Si ça se trouve, t’as même pas de cerveau. Quand on te regarde par en dessus, on doit voir tes dents… Au fond, à être tout idiot, t’es peut-être dans le vrai. Le savoir, quand on commence a mettre le nez dedans, c’est pire que la came…» Georges Geret / Marco in La grande sauterelle (Georges Lautner / Michel Audiard)
« E pur si muove ! »

Décembre.
Voilà donc qui est de bon augure… Je n’ai que dit « peut-être » et il en tire une conclusion, à mon goût, hâtive. Voilà donc qui est de bon augure… Peut-être. Je lui parlerais bien de la notion de consentement. Une personne qui dit non n’est pas une personne qui dit peut-être, une personne qui dit peut-être n’est pas une personne qui dit oui, une personne qui dit non n’est pas une personne qui dit oui (et une personne qui dit oui est une personne qui ne dit pas non). CQFD. Cela étant, mon peut-être pourrait s‘apparenter à un en même temps, un oui et non (un noui ou un ouon) bref ça peut paraitre trouble voire troublant (et c’est troublant un trou noir). Bon.
L’avantage de l’augure, me dis-je, c’est qu’il est question de futur. Que va-t-il advenir ? Sortons le marc de café. Et la boule de cristal, pour faire bonne mesure. Madame Zohra, où es-tu ? Que va-t-il advenir ? Voilà la bonne question. C’est sans doute plus excitant que de remuer les cendres au risque de se changer en statue de sel. Ne t’égare pas, me dis-je, ne t’égare pas, colle au sujet, dis-lui que, oui, les perfect days are yet to come , past lives / nos vies d’avant, c’est foehn, lombarde et alizé,  levante, ponant et harmattan, c’est sirocco et le royaume des courants d’air,  autant en emportent les vents. Pose-lui la question : et toi, que t’inspires demain ?  Un Magnificat de Bach ? Un hiver à Yanji ou en Sibérie ? Une histoire d’amour ? C’est pas mal ça comme perspective, une histoire d’amour, au moins une. Si cela t’arrive, et cela t’arrivera, permets au vieux con que je suis de te dire : ne joue pas l’illusionniste avec celle-là qui t’inviteras à danser, à chanter et à l’embrasser, plus tard c’est elle qui t’attendra, patiente et jalouse comme une louve, tu seras un corps sous la lave, elle sera, un temps, le livre des solutions, un temps seulement car bien entendu cela ne durera pas, rien ne dure, tout est éphémère, tu commences à t’en douter. Ce n’est pas grave, tu te dépatouilleras bien de toute cette affaire. J’espère.
Alors, bon augure ? me relance-t-il. Faut voir, lui réponds-je, c’est un peu comme lorsqu’on se trouve au bord d’une nouvelle année  : s’agit-il du bord d’un gouffre ou d’un bord de mer ? En serons-nous les touristes, les pionniers ou les colons ? Y trouverons-nous encore de l’innocence ? Mon ami Robot, Tom Foot, Tom Pouce ? Des gens pour entonner Yallah Gaza ? Des jours aussi incroyables que l’incroyable Noel de Shaun le mouton (quand on croit au Père Noel) ? Une, pardon, mon épée dorée ?
Décidément, s’agace-t-il, j’hésite pour te qualifier. Sphinx ? Une carpe dans une tombe ? Tu as l’hermétisme tenace. Il me fait penser à la fameuse réplique « Elle hésite, elle flotte, en un mot elle est femme ». Qu’on se rassure, c’est dans Athalie de Jean Racine, une histoire de cœur et d’âme qui dansent, anachroniques, le tango.
L’hermétisme tenace dis-tu, lui dis-je, peut-être mais, tu sais, c’est comme pour les conserves, il faut juste le bon ouvre-boite.

M.

PS : nul besoin d’être grand clerc, devin ou augure pour prédire que les films qui suivent ne verront pas nos écrans… Déménagement, Le théorème de Marguerite, Portraits fantômes, Marx peut attendre, Zorn I & II, Zorn III, Ça tourne à Séoul, Pierre feuille pistolet, Ricardo et la peinture ,.. Encore des rencontres qui ne se feront pas. Nous aurions aimé les proposer mais la place nous fait encore et toujours cruellement défaut. Avec un écran unique (dans tous les sens du terme), on peut réaliser des prodiges mais pas de miracles… 

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