Chronique

Nivôse.

- … avant que n’arrive l’hiver, car l’hiver, inexorable,
arrive, qui chassera et les feuilles et les plumes.
- Tu parles comme dans les livres !
- Je parle comme je peux. Je reprends donc : … avant que n’arrive l’hiver, car l’hiver, inexorable, arrive, qui chassera et les feuilles et les plumes. L’hiver dont le frisson froid, implacable, va nous trouver, jusqu’au dernier. Stalingrad (Jean-Jacques Annaud, 2001). Les feuilles blanches ou de rose, celles aussi que l’on ramasse à la pelle une fois mortes. Tu vois je n’ai pas oublié. Et les plumes, celles qui ornent la roue des paons innombrables (à considérer le terminus des prétentieux, il apparait que l’espèce n’est de loin pas en voie d’extinction), d’autres dont on peut s’agrémenter le fondement afin de se présenter aux élections ou, plus rares (donc précieuses), qui se portent dans la plaie, merci Albert. Tout cela envolé, parti, verschwunden, Gone Baby Gone (Ben Affleck, 2007), il me semble. Ou presque.
- Ben dis donc, ambiance…
- Oui, et une belle d’ambiance, voire d’atmosphère (atmosphère, etc.), une à la Kit Kat Klub, à la Cabaret (Bob Fosse, 1972). Willkommen, bienvenue, welcome ! (Fremde, étranger, stranger, ah ah ah…). Ah ça pour danser, ça va danser, gigue, branle et rigodon !  Ou alors, une grande farandole démente à la Freaks (Tod Browning, 1932) : « Gooble, gobble, … ». Me revient également à l’esprit une scène fameuse de roulette russe (qui pourrait tout autant être yankee) … Et celle de Snowpearcer / Le Transperceneige (Bong Joon Ho, 2013) où la lumière est éteinte (ou la nuit est faite, au choix) dans un wagon étroit avant d’entamer, tout huis clos, la danse macabre, la boucherie des révoltés, une Saint-Barthelemy des humbles…
- Voilà qui n’est pas plus engageant…
- Il n’y a en effet guère matière à se réjouir. Un vieux monsieur me disait un jour : « Quand je vois ce que je vois et que j’entends ce que j’entends, j’ai bien raison de penser ce que je pense ». En arriverais-je aujourd’hui au stade d’abonder dans son sens ? Peut-être que quelque part I’m too old for this shit dixit Danny Glover / Roger Murtaugh in L’Arme fatale / Lethal Weapon (Richard Donner, 1987, 1989, 1992, 1998).
- Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme de volonté as-tu pourtant l’habitude de dire.
- Juste. Et c’est d’Émile-Auguste Chartier dit Alain. Il ajoutait que tout homme qui se laisse aller est triste, mais c’est trop peu dire, bientôt irrité et furieux. Bon, allez, le pire n’est jamais certain, d’accord, espérons (trois fois plutôt qu’une), mais je cherche encore et toujours et je ne suis pas sûr de trouver la bonne (vraie / juste / parfaite) rime à ce mois de  nivôse…      

                                        M.

PS : voilà ci-après des films qui ne trouveront par chez nous ni rime ni écho puisqu’ils n’arriveront pas jusqu’à nous / vous : Fario, Chroniques chinoises, L’affaire Nevenka, Voyage à Gaza, Hiding Saddam Hussein, No other land, Good one, Se souvenir d’une ville… Encore et encore des rencontres qui ne se feront pas. Nous aurions aimé les proposer, mais la place nous fait encore et toujours cruellement défaut. Avec un écran unique (dans tous les sens du terme), on peut accomplir des prodiges, mais pas de miracles…  

Brèves

.

Prochainement