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  • Ailleurs si j'y suis

    Sortie nationale / Et si on partait ailleurs, dans la forêt, avec Jérémie Rénier, pour déconnecter ?....


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    Ailleurs si j'y suis
  • Le capitaine Volkonogov s'est échappé

    Sortie nationale / Thriller haletant sur un capitaine de la police stalinienne qui tente de sauver sa peau lors des purges de 1938


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    Le capitaine Volkonogov s'est échappé
  • Le bleu du caftan

    Le deuxième film de Maryam Touzani. Délicat et sensuel.


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    Le bleu du caftan
  • Mother of apostles

    Rencontre autour de l'Ukraine dimanche à 17h30


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    Mother of apostles

Chronique

« 38… 42… 55. Three. »
Pat Metheny / Lyle Mays in (14:43 / 15:08)
As Falls Wichita, So Falls Wichita Falls
«C’est une drôle de chose que la vie - ce mystérieux arrangement d’une logique sans merci pour un dessein futile. Le plus qu’on puisse en espérer, c’est quelque connaissance de soi-même - qui vient trop tard - une moisson de regrets inextinguibles.» Joseph Conrad in Au cœur des ténèbres

Moaï.
Face à un écran, tel un Moaï, pour l’éternité planté dans la terre, le regard fixé sur l’univers, scrutant l’immensité tantôt sombre tantôt azur histoire de savoir, à essayer de voir d’où tout ça vient et où tout ça veut aller. Comme ce Moaï face à cette voûte à laquelle une clé semble manquer, guetter dans un vaste rectangle de lumière de quoi (se) comprendre, retrouver, inlassable quête, l’émotion du commencement, l’origine. Des chercheurs qui cherchent, on en trouve mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche, dit-on… Dès lors, en cherchant bien, qu’espérer y trouver (si quelque chose s’y trouve), qu’y faire ?
Y deviner les cher(e)s disparu(e)s, pas nécessairement défunts, les esprits des temps d‘avant, d’avant l’accident, que l’on pourrait convoquer à l’envi, les faire venir, partir revenir, avant puis arrière, rewind & play, inutile de se chercher ailleurs, leur dire reste un peu, respire, profite de la traversée, quelqu’un qui viendrait nous parler, juste nous parler, de rien, de tout, de Kim Sohee, someone to talk about Kim Sohee, d’elle et des autres, et de nous surtout.
Y chercher telle personne qui avait dit je m’en vais voir ailleurs si j’y suis mais elle n’y était pas, je sais, j’y suis allé voir. S’était-elle trompée, fourvoyée, perdue en chemin ? A quel cornac donc se fier ? A Saint Christophe, définitivement non. Alors, préférer s’orienter aux étoiles, les gardiennes de la planète, autant dire, à l’astrolabe et au sextant, naviguer sur l’Adamant, vaisseau de lumières, chevaucher les vents solaires, croiser les courses des astres, celles-ci et celles des autres, peut-être.
Y retrouver l’autre qui nous prenait la queue quand on lui prenait la tête puis avec elle, au bord du bord, sur une corde raide, marcher pas à pas, lui dire n’aie pas peur je suis là, tu ne tomberas pas, se rassurer soi plus que la rassurer elle, il n‘y a rien dans le noir sinon le noir, ni monstres ni démons, ou alors, blocs de peur et de silence, les siens propres autrement plus inquiétants, les siens et ceux de l’autre, aussi.  
Y constater sans surprise que le Capitaine Volkonogov s’est échappé, comme l’écologie sort du bois, pour rejoindre l’ange rouge, héros des jours brûlants, burning days hero is something to be, les entendre chuchoter, incantations, imprécations, Uski Roti Uski Roti Piro Piro Piro Piro, les courser, suivre leur trace, les rejoindre peut-être, ou les perdre encore, eux et les autres, à nouveau.
Y plonger, comme dans les estampes d’Hokusai, au creux de vagues azurées comme le bleu du caftan que porte la mère des apôtres, mother of apostles, y vivre un temps long, long comme sept hivers à Téhéran ou le royaume de mille ans qui pourrait s’annoncer, annonçant le retour du facteur humain, des uns comme des autres, des uns comme des autres.   
Y déterrer les vestiges anciens d’une liste de courses (ou alors était-ce la recette simple du bonheur ?) égarée Dieu sait quand, Dieu sait où et qui égrenait des contes de printemps racontant Dounia et la princesse d’Alep accompagnées par le lion et les trois brigands, tous émerveillés par la naissance des oasis, comme un big bang, les ramenant à la source, la leur, la nôtre et celles de l’armée de nos ombres.
Chercher sans relâche, trouver peut-être, en tout cas essayer sans cesse de voir d’où tout ça vient histoire de savoir où tout ça veut aller, scruter l’immensité tantôt sombre tantôt azur, le regard fixé sur l’univers, pour l’éternité planté dans la terre, face à un écran, un ciel, tel un Moaï.

M.


PS : à fouiller le rectangle de la lumière, vous pouvez, vous l’aurez compris, y trouver bien des choses, y voir bien des films, pour autant vous aurez beau guetter, bien des films ne passeront pas par chez nous. Ainsi : Petites, Chevalier noir, Last dance, Jet lag, El agua, Le barrage, Si tu es un homme, Music, Nayola, En toute liberté-Une radio pour la paix, Tengo sueñuos electricos, Paysans du ciel à la terre, Un varon, … Encore des rencontres qui ne se feront pas. Nous aurions aimé les proposer mais la place nous fait encore et toujours cruellement défaut. Avec un écran unique (dans tous les sens du terme), on peut réaliser des prodiges mais pas de miracles…

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