Chronique

Pluviôse.

- … à ce mois de nivôse succède celui de pluviôse. Une parenthèse froide, un pas suspendu, tout semble figé, comme dans Le Miroir (Andreï « Nostalghia » Tarkovski, 1975). En attendant ventôse. On reste sur la lancinante litanie des lamentos.
- Ah ben, on progresse. Belle déploration, voilà qui laisse bien augurer de la suite. Le chœur de pleureuses n’est pas loin. Laudate dominum.  On se croirait en exil au cul d’un corbillard à savourer la pompe solennelle de la Sonate pour piano n°2 en si bémol mineur, op. 35, de Frédéric Chopin, bref La Marche Funèbre. De Profundis…
- Peut-être, mais j’aime autant me trouver dans la procession, éploré sans doute, que dans le linceul, déploré peut-être. Point de matamore dans la boîte à mort. Et puis, il s’y trouve du beau quand même, de l’élévation, de l’esprit dans cette musique du chagrin, du tourment et du désespoir. Un Requiem (W-A.M., 1791) ou un Stabat Mater (Giovanni Battista Pergolesi, 1736), ça peut aussi, quelque part, s’avérer consolatoire, non ?
- Sûrement, mais ça n’invite pas au Ploumploumtralala ! (Pierrot le fou / JLG, 1965) ni au Toc, toc badaboum ! (Jean-Paul Belmondo, 1933-2021) et encore moins au Crac Boum Hue ! (Jacques Dutronc, 1943-…). Tu parles d’un sens de la fête ! · · · — — — · · · !
-  N’empêche que les Gymnopédies comme les Gnossiennes (Erik Satie, 1866-1925) peuvent, avec (ou malgré) leur apparente mélancolie, mettre du baume à l’âme, laver les plaies, aider à vivre. On peut ainsi retrouver dans La Danse macabre (Camille Saint-Saëns, 1874), un éclat de silex dans la nuit, un soleil rare, une ombre de phare vers le rivage (des Syrtes) …
- Et ?
- Et rien.
- Tu t’égares.
- Tu crois ?  
- Un peu. Et, au passage, tu n’aurais rien de plus frais en termes de références ?
- Je réfléchis. En attendant (… Godot / Samuel Beckett, 1948), laissons venir ventôse, tu veux ?

M.

PS : voilà ci-après des films qui, de ce côté-ci du Rio Grande (John Ford, 1950), n’ont pas plus vu nivôse que pluviôse et ne verront ventôse :  Mémoires d’un corps brûlant, Rabia, Les reines du drame, 100 000 000 000 000, Shambhala le royaume des cieux, Fotogenico, Guérilla des FARC, l’avenir a une histoire (et un futur ?) … Encore et encore des rencontres qui ne se feront pas. Nous aurions aimé les proposer, mais la place nous fait encore et toujours cruellement défaut. Avec un écran unique (dans tous les sens du terme), on peut accomplir des prodiges, mais pas de miracles… 

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