Chronique

Octobre.

Comme ma part de Gaulois ? Comme ma part de Gaulois. Innée, elle ne l’est pas. Et alors ? Acquise, oui et de haute lutte, faut croire, voire conquise. Ou alors partir à la recherche de ma part de Bédouin, de Touareg peut-être ? Me parer d’une djellaba, d’un burnous, chausser des babouches, les assortir avec des braies, préparer un méchoui de sanglier, l’arroser de cervoise avant un repos forcément immérité, une sieste à l’ombre d’un menhir (voire, dérèglement climatique aidant, un olivier (encore un grand remplacement)). Songer à me faire greffer un prépuce. Voilà une affaire à en perdre son latin (au profit de quel idiome, hein ?).
- Peu me chaut.
- Pardon ?
- Oui, peu me chaut.
- Peu te chaut ?
- Oui, peu me chaut, du verbe chaloir, verbe intransitif impersonnel du 3ème groupe.
- Merci pour le détail.
- Cadeau. Je traduis : je m’en moque, ça m’en touche une sans remuer l’autre ou, comme il se dit de nos jours, je m’en ballec.
- Holà, doucement, tu t’emportes, tu t’écartes de la trajectoire de la correction pour franchir la ligne blanche voire, très d’époque, celle rouge de ma tolérance.
- Je vais à hue et à dia, quoi.
-  ?
- Oui, à hue, à droite et à dia, à gauche, ce qui est très d’époque également.
- Bref, attention à ton vocabulaire (qui est un marqueur social, je ne le dirais jamais assez) et ne fais pas ton cuistre, de surcroit.
- N’empêche, tu penses à haute voix, tu ratiocines et tu radotes. Fais-toi détecter les protéines tau et Aβ. Je m’en moque de ta part de Gaulois, de Maure, de Mahométan, de Romanichel ou de que sais-je encore. Parle-moi de ta part de Gary « Strong silent guy » Cooper, d’Yves « César » Montand, de Jean-Paul « Toctocbadaboum » Belmondo, de Sophia « Une journée particulière » Loren, de Stanley « 2001 » Kubrick, de Meryl « Francesca Johnson » Streep… Dis-moi, avant de mourir, ton cinéma à toi, de l’intérieur. On s’en fout de toute l’écume (le temps est un grand maitre, il résout bien des choses), faut s’en soucier comme d’une guigne, abandonner à leurs tristes fixations les uns comme les autres des hallucinés obsessionnels compulsifs de la race, du pedigree, de la filiation, de l’identité, de l’ethnie, de la religion, du genre, de la sexualité et de la reproduction. La vie, ce n’est pas ça.
- C’est quoi alors ?
- Des histoires, plein d’histoires comme autant de fils de chaînes et de fils de trames, le tout tissant, merci William, l’étoffe dont sont faits les songes, nous. Et les films de cinéma. Allez, pense à Maya, pas l’abeille, l’autre Maya, donne-moi un titre, un p’tit truc en plus, qui racontera l’histoire de Souleymane, le voleur de bicyclette néanmoins roi du Dahomey parti pour parcourir, en 1:54, les trois km jusqu’à la fin du monde. Alors, y arrivera-t-il ? All we imagine as light, tout ce que l’on imagine être de la lumière n’en est pas forcément ? Finira-t-il son voyage au fond de l’eau sombre d’une rivière, ou d’un bras de mer, à s’imaginer, pour se consoler, des petits contes sous l’océan ? Qu’y trouvera-t-il s’il s’y trouve ? Notre part sauvage ? Les barbares ? Ou de beaux jours, s’il en reste ? Ou encore une promesse tombée dans l’oreille de Van Gogh (ou Beethoven, si l’on préfère la musique à la peinture) ? Tombera-t-il dans un endroit pour y planter les graines du figuier sauvage de son pays, pour se le rappeler plus tard, au coin du feu ? Voilà, dis-moi tout cela.
- Ça et, tant qu’à faire, ajouter Norah, Carla et moi et Anaïs en 2 chapitres pour lui tenir compagnie. Et la voix d’une station radio lointaine qui, parlant de la vie, dirait « Ici Brazza-Chronique d’un terrain vague, prêt pour la déposition… »
- Oui, et MacPat le chat chanteur, cousin approximatif et velu du chat huant, un chat lent mais huteur, amoureux du vertige et des cabrioles.
- En somme, ici et là, des pointes de légèreté, des plumes et des bulles de savon.
- C’est un peu ça l’idée : être désinvoltes…
- …Et n’avoir l’air de rien.

M.

PS : voilà certains films dont nous n’aurons pas l’occasion de mesurer les parts de ceci et les parts de cela puisqu’ils n’arriveront pas jusqu’aux plateaux de nos balances…Gondola, Almamula, Anzu chat-fantôme, Hijo de Sicario, Mi bestia, Law and order, Juvenile court, Hospital, Rue du conservatoire, Toxicily…Encore et encore des rencontres qui ne se feront pas. Nous aurions aimé les proposer mais la place nous fait encore et toujours cruellement défaut. Avec un écran unique (dans tous les sens du terme), on peut accomplir des prodiges mais pas de miracles… 

Brèves

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