BELAIRAMA
De James Ivory, Giles Gardner avec James Ivory
Documentaire - Royaume-Uni - 2022 - VOST - 1h15
Un été afghan
En 1960, le cinéaste James Ivory s'est rendu en Afghanistan pour tourner des scènes destinées à un film documentaire. Le film n'a jamais été réalisé, et les images sont restées enfermées dans une malle pendant 60 ans. En 2022, à l'âge de 94 ans, il a décidé de se plonger dans ce matériel unique pour se remémorer sa jeunesse et comprendre ainsi comment ce voyage improbable loin de sa petite ville américaine de l'Oregon a contribué à former le célèbre cinéaste qu'il est devenu.
Dans le cadre du BELAIRAMA, séances au tarif de 5 euros (3 euros Carte culture).
Un vieil homme ouvre les cartons amassés dans sa grande maison, et le charme opère… Car cet élégant Américain, qui aura 96 ans cette année, est non seulement un cinéaste mais un excellent conteur – finalement oscarisé pour le scénario de Call Me by Your Name, en 2018. En retrouvant les bobines d’un documentaire jamais achevé, tourné à Kaboul en 1960, James Ivory déroule plus que le fil de cette expérience de jeunesse : c’est toute sa vie dont il explore la trame, au gré d’un récit qui se révèle témoignage testamentaire et profession de foi. Déjà lecteur de Forster, dont il réalisera des adaptations fameuses (Chambre avec vue, Retour à Howards End), le cinéaste débutant découvre, grâce au romancier britannique, les écrits de l’empereur Babur (1483-1530), devenu symbole d’un attachement légendaire à Kaboul. L’Afghanistan de 1960 veut donner l’image d’un pays ouvert et tolérant, mais le XVIᵉ siècle n’est pas si loin. Babur, qui inscrivit dans ses Mémoires l’étrange penchant qu’il ressentit pour un jeune marchand, ravive les souvenirs d’adolescence de James Ivory. Dans l’Amérique des années 1940, ses désirs pour d’autres garçons restaient, comme ceux de l’empereur d’Asie centrale, sublimés. Il faudra d’autres voyages, à Venise puis, surtout, en Inde, pour que le cinéma devienne passion et que s’affirme, parallèlement, une identité gay brandie aujourd’hui avec une joie sereine. Sur une musique dépouillée d’Alexandre Desplat, les entrelacs de ce destin sont finement recomposés. L’intérêt pour les miniatures indiennes conduit à une histoire d’amour qui durera cinquante ans, avec le producteur Ismail Merchant. Un été afghan, coréalisé avec Giles Gardner, séduit, de même, par sa modestie, sa simplicité, avant de prendre une ampleur profondément émouvante. Télérama