Sortie nationale Festival Les petites bobines

De Jean-François Laguionie avec Elias Hauter, Grégory Gadebois, Coraly Zahonero, André Marcon, Mathilde La Musse
Animation - France/Luxembourg - 2024 - VF - 1h15

Slocum et moi

Début des années 50, sur les bords de Marne, François, un jeune garçon de 11 ans, découvre avec intérêt que ses parents entament, dans le petit jardin familial, la construction d'un bateau, réplique du voilier du célèbre marin Joshua Slocum. Au long des années, dans une France d'après-guerre, le jeune François va voguer de l'adolescence à l'âge adulte. Au fil de la construction du bateau, tout en portant un regard tendre et poétique sur sa mère et son père, le jeune garçon entamera sa propre aventure, celle qui le mènera sur le chemin de ses passions, la mer et le dessin.

Rencontre avec Denis Lambert, directeur artistique de Mélusine Studio, le samedi 15 février à 16h30 mais également au cinéma Gérard Philippe de Wittenheim, le samedi 15 février à 14h30.

Il est chez lui depuis toujours au festival d’Annecy. Jean-François Laguionie, 84 ans, légende discrète de l’animation française, a même reçu en 2019 un Cristal d’honneur pour l’ensemble de son œuvre, du Château des singes (1999) au Tableau (2011), entre autres merveilles, peintes sur toiles mélancoliques et rêveuses. Des contes, volontiers penchés au bord de mer, de La Traversée de l’Atlantique à la rame (1979), un court ­métrage en papier découpé, à Louise en hiver (2016), étrange et émouvante histoire d’une vieille dame errant dans une station balnéaire vidée de tous ces habitants. De l’eau, encore et toujours, il y en a, dans ce très beau Slocum et moi, son dernier (mais, espérons-le, pas son ultime) long métrage, présenté cette année en compétition officielle, sept mois avant sa sortie en salles, prévue le 29 janvier 2025. Il y a celle des bords de Marne, près desquels un jeune garçon vit avec ses parents, dans un modeste pavillon avec jardin et poulailler, à l’orée des années 1950 – une France des souvenirs, vivante et nostalgique délicatement crayonnée. Et puis il y a l’océan, aussi vaste que les rêves du père, ou que les aventures du fameux Joshua Slocum du titre, un célèbre navigateur américain du XIXᵉ siècle, qui s’échappent parfois des pages d’un livre pour éclabousser le film et l’imagination des personnages de vagues lointaines et exaltantes. Le jeune garçon, c’est Jean-François Laguionie lui-même, qui choisit ici pour la première fois de mettre la grâce de ses traits épurés, de ses couleurs poudrées, la douceur inimitable de son talent, au service d’un récit autobiographique. Hommage infiniment tendre à ce paternel qu’il croque avec pudeur, faux airs de Jean Gabin, massif et taiseux, et à l’histoire vraie d’un voyage immobile. Des années durant, à l’étroit dans son petit jardin, cet homme a patiemment, méticuleusement, construit un bateau, sans jamais se résoudre à le finir. Une nef familiale à laquelle tous contribuent, du bois, des clous, de l’huile de coude, et puis l’amour, en creux, entre les parents, entre l’enfant qui grandit plus vite que l’encombrante embarcation, et cet homme bourru en salopette qui n’est pas son père biologique, mais bien mieux, beaucoup plus. Celui qui, en montrant que parfois, les rêves peuvent se suffire à eux-mêmes, et les plus grandes aventures tenir dans les plus petits jardins, a élevé et inspiré un artiste. Télérama

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