Rétrospective Mani Kaul

De Mani Kaul avec Shekhar Kapur, Shambhavi Kaul, Surekha Sikri, Parvez Merchant, Asha Dandavate, A.A. Baig
Drame - Inde - 1971 - VOST - 1h24
Nazar
Un homme réfléchit sur la complexité de son mariage, s’arrêtant sur différents moments du passé. La femme est la création idéalisée de son imagination. L’homme croit posséder la femme. Il ne se rend pas compte qu’elle finira par le posséder en particulier quand elle commence à manifester des signes d’indépendance. Des retranchements silencieux entre l’homme et la femme sont les premiers signes de cassure dans le couple. Les confrontations et réconciliations pleines de haine, de remords, d’espoir et de désespoir aboutissent à une fin tragique.
Nazar (1990) se mesure une nouvelle fois à Bresson, adaptant la même nouvelle de Dostoïevski (La Douce, 1876), dont le maître s’était inspiré pour Une femme douce (1969). Cette rétrospection par un homme, prêteur sur gages, de sa relation incertaine avec une épouse insaisissable, devient, chez Kaul, un labyrinthe de mémoire. Le travelling est ici une figure récurrente, qui rend le temps fluide, les faits perméables, les souvenirs chancelants. La splendeur de ce cinéma y prend un tour insoupçonné : méandre mental et cage de reflets, l’image s’y confond avec l’inconsistance de l’être, traduisant l’incertitude fondamentale de sa présence terrestre. Le Monde