Sortie nationale

De Behtash Sanaeeha, Maryam Moghaddam avec Lily Farhadpour, اسماعیل محرابی, Mansoureh Ilkhani, Soraya Orang, Homa Mottahedin
Comédie
Dramatique
Romantique - Iran/France/Suède/Allemagne - 2024 - VOST - 1h36
Mon gâteau préféré
Mahin a 70 ans et vit seule. Un jour, elle décide de rompre avec sa routine et de réveiller sa vie amoureuse. Une rencontre inattendue se transforme alors en une soirée inoubliable.
Le film repose sur une prémisse simple : encouragée par ses amis, retraités comme elle, à se trouver compagnon et refaire sa vie sentimentale, la septuagénaire Mahin (Farhadpour), veuve, décide de tenter sa chance. Une altercation avec la police de la moralité iranienne, pendant laquelle elle réussit à défendre une fille accusée de ne pas porter correctement le hijab, ne fait que renforcer la confiante volonté de Mahin de défendre ce en quoi elle croit. Quand elle apprend qu'un vieux chauffeur de taxi appelé Faramarz (Mehrabi) est également non marié, Mahin l'invite chez elle et ils partagent une magnifique soirée en montagnes russes. My Favourite Cake parcourt une gamme impressionnante d’émotions humaines et séduit le spectateur par son humour accessible et son sens de la comédie de situation légère : les amis de Mahin plaisantent sur les images de leur colonoscopie et lui offrent un tensiomètre pour son anniversaire. Hélas, le récit finit par tomber dans une progression convenue qui, pour certains, pourrait même rendre prévisible le changement drastique de ton qui survient vers la fin. Ce conventionnalisme fait que le film traîne parfois en longueur et prive l'histoire d'une part de sa tension dramatique, malgré son charme d’ensemble. Le chef opérateur Mohammad Haddadi donne au réalisme visuel du film un caractère chaleureux, très bien illustré par la scène où Mahin et Faramarz sont assis dans le jardin de la première et que leurs silhouettes, sur lesquelles la caméra fait le point, sont gentiment encadrées, au premier plan, par des branches et du feuillage floutés qui semblent embrasser leur intimité naissante. La caméra ne s'éloigne jamais trop longtemps de Mahin, ce qui permet à Farhadpour de briller dans ce rôle de vieille dame sincère, à laquelle on peut facilement se rapporter (elle aussi dort jusqu’à midi et appelle ça se réveiller "à l’aube"). La BO du film, riche en délicieuses vieilles chansons iraniennes, est complétée par le design sonore discret d’Hossein Ghoorchian, qui consiste en des éléments comme un léger bourdonnement menaçant au point culminant du film ou un petit air doux-amer joué sur un piano à pouce à la fin. Les spectateurs au fait des derniers développements en Iran reconnaîtront la signification politique de la témérité de Mahin face à la police de la moralité. Le film suggère aussi plus qu'il ne montre : une rencontre nocturne entre un homme non marié et un femme, aussi innocente qu'elle puisse être, expose à la censure. Mon gâteau préféré réunit ainsi plusieurs niveaux ; on y évoque même avec nostalgie les libertés dont les gens jouissaient dans l'Iran d'avant la révolution, ce qui ajoute à l'élan de résistance des auteurs qu'on perçoit ici. Le film rejoint résolument une vague récente de films célébrant la convivialité et la complexité de la vie des femmes du troisième âge. Cineuropa