De Tiina Lymi avec Amanda Jansson, Linus Troedsson, Amanda Kilpeläinen Arvidsson, Jonna Järnefelt, Tobias Zilliacus
Historique
Drame - Finlande - 2024 - VOST - 2h44
Maja, une épopée finlandaise
Au XIXe siècle, Maja épouse Janne, un modeste pêcheur. Ils s'installent sur l'île isolée de Stormskerry, un endroit où la vie est un défi permanent. Ayant grandi dans un monde traditionnel, Maja prend conscience de sa liberté grâce à l’amour de Janne et de ses enfants. Mais la guerre va bouleverser leur destin.
"C’est une folie de savoir où l’on veut vivre et ce que l’on veut être ? - Comme si toi ou n’importe quelle autre femme pouvait prendre ce genre de décision – Je peux décider ce que je veux faire." Échapper au joug du conformisme social reste toujours une affaire de volonté individuelle où la force et la souplesse de l’esprit sont souvent mises à rude épreuve, mais cela l’était encore plus pour les femmes au milieu du XIXe siècle quand la domination masculine s’exerçait avec l’onction de la religion dans un environnement économique où la simple survie était alors de rigueur. Tel est le cadre du très attachant Maja, une épopée finlandaise, le 5e long métrage de Tiina Lymi, carton du box-office en début d’année dans son pays. "J’ai trouvé un endroit pour nous : Stormskerry. Il y a du poisson, on peut y créer son propre monde et c’est beau, complètement ouvert et libre : une mer à l’infini, du vent, du soleil. Tout ça serait à nous". Quand Janne (Linus Troedsson) fait cette proposition de vie à la sensible et enjouée Maja (Amanda Jansson) qu’il courtise depuis une petite année, la jeune fille, qui ne cache pas son inquiétude face à l’inconnu, ne sait pas encore qu’elle va s’embarquer dans un voyage sortant totalement de l’ordinaire, dans une existence où elle devra affirmer la puissance cachée de son caractère et connaître les émotions les plus profondes de l’amour et de la douleur car "on doit tous faire face à la vie et à la mort." Éduquée dans un christianisme strict ("se regarder dans le miroir est un péché") mais relativement bienveillant (tant que les limites ne sont pas franchies), Maja croit néanmoins aussi en la Nature (la maîtresse de la mer, les esprits de la forêt et de la pierre, etc.) et Janne s’accommode de ces superstitions ("si c’est important pour toi, c’est important pour moi"), d’autant mieux que l’amour s’épanouit entre les deux jeunes gens dans l’isolement de l’île de Stormskerry, dans l’archipel Åland. Nudisme, naissance de quatre enfants, pêche et commerce : les saisons (avec ses très rudes hivers) et les années passent, heureuses, jusqu’au jour où la grande Histoire rattrape la famille. Car le grand-duché de Finlande est alors une composante de l’Empire russe et dans une action secondaire de la guerre de Crimée en 1854, les navires de guerre anglais surgissent. Janne doit fuir et Maja se retrouve seule avec ses enfants et une troupe anglaise menée par le lieutenant John Wilson (Desmond Eastwood) qui prend ses quartiers dans sa maison. Un premier choc qui sera suivi d’autres drames à affronter pour une femme qui va s’émanciper, s’instruire et tenter de tenir debout face à l’arbitraire au fil d’une vie riche et tumultueuse. De facture classique, Maja, une épopée finlandaise (adaptation de romans de Anni Blomqvist) remplit fort bien son contrat épique, romantique et féministe pendant 152 mn et sans que jamais l’ennui ne guette. Le décor suggestif de l’île et de solides interprètes dessinent, avec une belle maîtrise des ellipses temporelles, un très attachant portrait de femme plus forte qu’elle ne croyait et qui résonne facilement aujourd’hui : "j’ai survécu à la guerre, à la famine et aux épreuves. Est-ce que cela vaut moins parce que je ne suis pas un homme ? Je ne suis pas folle et je n’ai pas peur." Cineuropa