Rencontre, La Quinzaine en Actions
De Jean-Christophe Meurisse avec Delphine Baril, Charlotte Laemmel, Laurent Stocker, Gaëtan Peau, Juana Acosta
Comédie
Policier - France - 2024 - VF - 1h35
Les Pistolets en plastique
Léa et Christine sont obsédées par l'affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d'avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Alors qu'elles partent enquêter dans la maison où a eu lieu la tuerie, les médias annoncent que Paul Bernardin vient d'être arrêté dans le Nord de l'Europe…
Rencontre avec le réalisateur Jean-Christophe Meurisse en visio.
Séance proposée dans le cadre de La Quinzaine en Actions. En partenariat avec La Quinzaine des Cinéastes.
Les faits divers les plus craspec fournissaient déjà le suc d’Oranges sanguines, précédent long métrage de Jean-Christophe Meurisse, l’enragé fondateur des Chiens de Navarre, collectif théâtral à la géométrie variable et au chaos immuable. Humour charbon, encore une fois, dans cette farce macabre et passablement gore inspirée par l’affaire Dupont de Ligonnès. Renommé ici Paul Bernardin, l’assassin présumé de sa très nombreuse famille se la coule douce en Argentine pendant qu’un profileur en carton surnommé Zavatta (hilarant Anthony Paliotti), matamore guidé par une intuition constamment défaillante, croit reconnaître le fugitif à l’aéroport. Un faux coupable et vrai danseur de country est ainsi arrêté au Danemark. La police locale, peu inspirée, lui fait passer un interrogatoire musclé, entre deux parties de ping-pong. Deux flics français (Vincent Dedienne et Aymeric Lompret), dont l’incompétence confine au génie pataphysique, échouent à réclamer, en visioconférence et en anglais approximatif, l’extradition du sosie. Lequel pourrait bien finir énucléé à la petite cuillère par un duo de web enquêtrices pas futes-futes, ivres de leur narcissisme et de mojitos – le geste serait un clin d’œil morbide aux célèbres sœurs Papin, qui réservèrent jadis le même sort à leurs patronnes. Sans ménager, avec son petit théâtre des horreurs, les spectateurs, subissant de plein fouet les éclaboussures sanguinolentes dont ils raffolent en secret, Jean-Christophe Meurisse épingle au coutelas la fascination de ses compatriotes pour les crimes sordides. Les âmes les plus sensibles se sont émues, à Cannes, où le film était présenté en clôture de la Quinzaine des cinéastes, de la reconstitution in extenso du quintuple meurtre. La crudité et la cruauté de l’affaire Dupont de Ligonnès, c’est pourtant bien ça : des balles dans la tête d’enfants innocents, et pas le romantisme d’un père endetté qui veut refaire sa vie. Il n’y a qu’au cinéma que les pistolets sont en plastique. Télérama