Festival Augenblick - Compétition longs métrages

De Florian Pochlatko avec Luisa-Céline Gaffron, Elke Winkens, Cornelius Obonya, Felix Pöchhacker, Oliver Rosskopf
Drame - Autriche - 2025 - VOST - 1h42

How to Be Normal and the Oddness of the Other World

À sa sortie de psychiatrie, Pia, 26 ans, retourne chez ses parents. Elle n'est pas la seule à dérailler ; eux aussi peinent à s'adapter. Entre emploi abrutissant, rupture amoureuse, prise de cachets et stigmatisation sociale, Pia retrouve un univers tout aussi instable qu'elle. Seul Lenni, 12 ans, partage son sentiment d'aliénation. Puis Pia se transforme en un monstre de 20 mètres menaçant le monde… ou en une héroïne pour le sauver ? Rupture psychotique ? Puissant éveil ?

Rencontre avec l'équipe du film, le dimanche 9 novembre à 18h.

Tarif : 5 € / gratuit pour les étudiants munis d'une Carte culture (Carte d'étudiant avec sticker CC)

C'est un travail impressionnant que présente l'Autrichien Pochlatko dans la section Perspectives du 75e Festival de Berlin., d'autant que ce n'est pas qu'un premier long-métrage pour lui, mais aussi pour son chef opérateur Adrian Bidron, qui crée ici un langage visuel riche et multiple. Pochlatko ne veut clairement pas emprunter les sentiers battus du film lourdement dramatique. Inspiré par sa propre expérience des médicaments et par ses discussions avec des patients, il plonge la tête la première dans le point de vue de Pia, montrant ses crises, ses visions et ses angoisses dans toute une variété de formats d'image et les exalte à travers un étalonnage rêveur et un montage nerveux. La frontière est mince, entre la victimisation des personnes neurodivergentes et une romanticisation de leur position qui fait d'eux des individus éclairés capables de briser le cercle vicieux de la "normativité sociétale". Pochlatko suit Pia sans rien cacher ni excuser, tandis qu'elle voit des hommes suspects en costume-cravate partout, rêve de son amour perdu Joni (Felix Pöchhacker) et dépérit intellectuellement dans le travail de bureau que son père lui a trouvé dans son imprimerie. Ses fantasmes n'incluent pas que des agents secrets façon Men in Black, des séquences de cavale chargées en action inspirées de Mission impossible et un sosie d'Ed Sheeran à une fête : Harald Krassnitzer lui apparaît aussi comme un inspecteur de police imaginaire appelé Moritz qui joue de l'amusant parallèle avec le rôle que l'acteur a longtemps tenu dans la série Tatort. Cependant, une question se pose : cette monotonie et cet effort pour s'intégrer n'est-il pas étrangement semblable à ce que vit n'importe quelle personne neurotypique ? "Un jour, tu te réveilles et tu te demandes si tout va continuer comme ça indéfiniment" est une phrase à laquelle n'importe qui peut se rapporter. En chemin, le récit se déplace souvent sur les parents : Elfie qui critique le sensationnalisme des documentaires pour lesquels elle fournit la voix off et semble frôler le burn-out, Klaus dont l'entreprise va bientôt être absorbée par une multinationale, et qui n'a d'autre choix que se soumettre. L'instinct de maintenir l'ordre en place est tout aussi écœurant que la tentation de céder à la crise nerveuse, mais fonctionner malgré elle, pour préserver la façade, semble plus important. Ce film ne cherche pas à proposer une réponse simple sur la manière d'améliorer les choses : Pochlatko cherche à établir des liens pour mieux comprendre les personnes neurodivergentes et souligner qu'arrêter les traitements médicamenteux, comme Pia tente de le faire vers la fin, ne fait qu'aggraver la maladie. Cineuropa

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